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leçon de démocratie

  • Leçon de démocratie

     

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    Sur les 17 millions de téléspectateurs qui ont suivi le face-à-face télévisé des deux candidats à l’élection présidentielle française, Francois Hollande et Nicolas Sarkozy, mercredi 2 mai, nombreux étaient sans doute les Algériens à s’être branchés sur les chaînes françaises qui ont retransmis le débat pour vivre ce grand moment de démocratie où les candidats ont débattu de leurs programmes respectifs les yeux dans les yeux, sous l’implacable arbitrage des électeurs. La densité du débat, la maîtrise des dossiers et des chiffres par les deux candidats, dont chacun avait fait l’usage selon la stratégie qui lui est propre pour accabler son adversaire, les plateaux de télévision tout aussi relevés qui avaient immédiatement suivi ce grand oral de l’élection présidentielle française, devenu un rituel et un moment fort de la campagne électorale, sont autant de facteurs qui vont certainement peser dans le comportement des Français, demain, lors du second tour de l’élection présidentielle française.

    S’il y a une leçon à retenir de cette campagne électorale suivie avec intérêt par les Algériens en raison des liens économiques, commerciaux mais surtout humains avec la présence sur le sol français d’une forte communauté algérienne, c’est bien ce formidable élan de mobilisation populaire de la société française dans toute sa diversité, ses sensibilités plurielles, ses forces sociales et syndicales, ses médias, ses hommes de culture, ses artistes et ses sportifs. Tous se sont pleinement impliqués dans cette campagne pour faire entendre leur voix et apporter, sur la base d’un choix conscient et réfléchi, leur soutien au candidat qui répond au mieux à leurs attentes.

    La souveraineté populaire prend tout son sens lorsqu’on voit toute l’énergie et la force de conviction que mettent les candidats en allant chercher les arguments dans les détails les plus infinis à coups de données chiffrées, recoupées, pour ne pas rester au niveau du simple discours pompeux, de la tentation éphémère et improductive de vendre du rêve. Dans ce genre d’exercice démocratique où tous les relais et instruments de veille, d’analyse et de régulation de la société sont mis à contribution – la classe politique, les partenaires sociaux, le mouvement associatif, les médias, les centres de recherche et d’analyse en prospective politique, les instituts de sondages – il n’y a pas de place pour la démagogie, le mensonge et les promesses chimériques qu’on ne pourra pas tenir. C’est là toute la différence qui sépare les grandes démocraties des pays comme le nôtre.

    Près d’un quart de siècle après l’instauration du multipartisme en Algérie, la démocratisation du système politique et de la société reste toujours à construire. Compte tenu du déficit démocratique du pays, nourri par la fraude institutionnalisée qui a marqué les scrutins qui se sont succédé ces dernières années, les électeurs ont bien du mal à être convaincus de la nécessité «historique» d’aller voter le 10 mai. Le nouveau paysage politique, meublé par tous ces partis folkloriques qui ont investi le champ politique et électoral, n’a fait que décrédibiliser encore davantage ce scrutin aux yeux de l’opinion.

    Omar Berbiche