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le doigt dans l’oreille

  • Le doigt dans l’oreille

     

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    A écouter les Algériens, l’Algérie va mal, tout est cher, rien n’est bon et l’Etat a trop d’argent pour ce qu’il en fait. De plus, les Algériennes n’aiment que l’argent, mentent en se coiffant, se maquillent et parlent trop ; on ne peut même plus se marier et marier ses fils. Mais à écouter les Algériennes,  les hommes sont tous cupides, infidèles et menteurs, violents et n’ont aucune élégance ; ils préfèrent roter dans leur 4X4 plutôt que d’acheter un bouquet de fleurs à leur compagne. A écouter par contre les islamistes, toutes les valeurs sont en péril, même le terrorisme n’a plus d’éthique et seul le retour à la vraie religion sauvera le pays, une fois les femmes enfermées à la maison, les salons de thé, les bars et les jeans taille basse interdits, tout rentrera dans l’ordre. Quand aux démocrates, pour eux toutes les libertés sont en danger, on ne peut même plus faire une émeute normalement parce que le régime négocie avec l’islamisme pour se partager le gâteau du pays en faisant des citoyens des cerises dessus.

    A écouter la télévision d’Etat ou les dirigeants, c’est une autre histoire. Tout va bien, l’Algérie est riche en bons du Trésor américain, Alger a son métro, Arzew son satellite, Oran son eau, Tizi Ouzou ses routes coupées et Annaba ses inondations. Mais à écouter le Président, tout va mal, l’Algérie est assiégée par le monde entier, il faut voter massivement pour des députés qui n’ont aucun pouvoir et tout sera réglé, comme en Novembre 1954. Finalement, qui écouter ? Personne, quitte à ne plus avoir d’avis sur la question. On pourrait encore n’écouter que ses proches ou soi-même et sa conscience, mais est-on sûrs d’avoir raison ? En réalité, il faudrait écouter le DRS, dont la fonction est d’écouter tout le monde et d’espionner tout le pays. Mais si l’armée vient de refuser d’être une grande muette,
    peut-on croire que le DRS va demander à être un grand bavard ?

     

    Chawki Amari