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le facteur sonne toujours trois fois

  • Le facteur sonne toujours trois fois, sauf si on l’énerve !



    Par Hakim Laâlam  
    Email : laalamh@yahoo.fr
    Consultations politiques. Ksentini reçu par Bensalah. Une véritable…

    … torture !

    C’est la panique totale ! Le gars dans un premier temps avait été réveillé en sursaut. Ça faisait bien dix ans, peutêtre même plus, que la sonnette de son siège situé au 3e sous-sol de l’avenue Nulle-Part-Ailleurs-J’tembrouille n’avait pas résonné. Péniblement, il s’était extirpé de son lit, s’était tant bien que mal sorti de la torpeur de sa chambre à coucher avec n’importe qui, s’était dirigé vers l’entrée, non sans remarquer, effaré, dans la glace du couloir que sa barbe traînait par terre, et avait fini par ouvrir la lourde porte blindée. Debout, sur le perron, un facteur avec une enveloppe jaune de rage à la main. Le préposé au courrier lui expliqua qu’il était envoyé par le Roi des Facteurs, l’Oncle Ben en personne, pour lui remettre une invitation ferme et non négociable à venir discuter plus-vite-que-çafissa. N’écoutant que sa peur du facteur chef et du directeur de la Grande Poste qui chapeaute tout le réseau Algérie, l’homme, les yeux encore embués, la bouche aussi pâteuse qu’un camembert Tassili victime d’une coupure de courant signée d’un S qui veut dire Sonelgaz, s’en alla dare-dare dialoguer avec l’Oncle Ben. Tout allait bien jusque-là. L’homme confirma d’abord à son interlocuteur qu’il avait bien renouvelé son registre de commerce politique et bénéficiait toujours de l’exonération d’impôt sur la fortune. Puis, il fit excellemment ce pour quoi il avait été invité : écouter dans un premier temps. Ecouter dans un second temps. Ecouter dans un temps intermédiaire. Et puis, enfin, pour changer un peu, écouter et prendre des notes à l’aide du stylo à encre sympathique qui lui avait été remis à l’entrée. Non, vraiment, je vous le redis, tout allait bien. Jusqu’à la sortie. C’est là que ça s’est gâté ! Je ne sais pas pourquoi, et alors que personne, ni le facteur qui lui avait remis l’invitation le matin chez lui, ni le chef de tous les facteurs, Oncle Ben, encore moins le Maître absolu de la Grande- Poste n’avaient exigé cela de lui, notre homme fit une déclaration extraordinaire à la presse, sur le perron de son départ en hibernation. Il dit à peu près ceci : «Je ne peux me prononcer sur ce dialogue avant de consulter ma base militante !» Mon Dieu ! Que venait-il de faire là, le malheureux ? Quelle catastrophe en perspective ! On ne le revit plus du tout. On a juste appris par la suite que sur ordre du patron de la Grande Poste, la maison de cet homme fut purement et simplement rayée de la tournée des facteurs. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.