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le jour d’après

  • Le jour d’après… pétrole

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Ainsi, les réserves en hydrocarbures conventionnels sont en train de diminuer et les puits ont vieilli. Il faut, donc, trouver d’autres gisements, creuser d’autres puits et exploiter d’autres hydrocarbures, non conventionnels, pour maintenir le niveau de revenu auquel l’État algérien s’est habitué. Auquel notre “économie” s’est accoutumée. Et nous aussi.
    Il faut bien que l’État continue à entretenir les salaires, indemnités et avantages des castes institutionnelles, à financer le Fonds spécial de retraite, à assurer des marchés publics aux entreprises et bureaux des “neveux”, à procéder à des effacements électoraux de dettes.
    Il faut bien que le monde des affaires continue de tourner dans le sous-développement comptable et fiscal. Tant que les recettes pétrolières continuent à autoriser le mépris de la fiscalité ordinaire, il n’y aura que le bureaucrate à corrompre. Et, le pot-de-vin se négocie plus aisément que le taux d’imposition.
    Il faut bien que nous, citoyens consommateurs, puissions continuer à réfuter tout rapport entre nos revenus et nos efforts, à maintenir — sinon à l’élargir — en l’état la palette de produits subventionnés, à sous-payer gaz, eau et électricité, à considérer que c’est à l’État de nous loger, d’importer plus de 60% de notre alimentation.
    Si rien n’est fait pour contrebalancer les effets à craindre d’une baisse de réserves et de productivité des puits existants, l’on pourrait peut-être avoir des difficultés à maintenir ce mode de vie, voire devoir y renoncer. L’État devrait renoncer à son armée de dignitaires du “décret”, au renouvellement fréquent de ses milliers de parcs automobiles ; les entreprises “stratégiques”, parce que pas rentables, devront apprendre à investir elles-mêmes dans leurs centrales, leurs avions, leur bateaux… Nous, citoyens, devrons réapprendre le travail, le revenu transparent, le juste prix…
    Mais l’État pense pour nous. Il pense à l’après-pétrole. Depuis toujours. Sauf que pour nos dirigeants, l’après-pétrole, ça a toujours été le pétrole. Et, cette fois-ci, aussi : après le pétrole et le gaz, ce sera encore le pétrole et le gaz : nouveaux puits, offshore, gaz de schiste… qu’importe. On a même déjà repéré et les gisements et les sous-traitants, croit-on savoir. Sans même une minute de débat sur les risques environnementaux de cette activité. Ne serait-ce que pour la forme… écologique. Mais l’on ne goudronne pas dans le parc d’El-Kala, l’on n’offre pas des concessions de chasse d’espèces protégées, l’on ne creuse pas le Tassili et le Hoggar… avec une telle aisance, si l’on perçoit un tant soit peu la notion d’environnement. La ressource immédiatement réalisable, comme on le dit en gestion financière, il n’y a que cela de vrai !
    À l’Indépendance, nos libérateurs avaient pris le pouvoir. Le patrimoine. Et le pouvoir de répartir ce patrimoine. Mais pas le pouvoir de construire et de produire. Cela n’a pas changé depuis. Leurs abus mis à part, il faut reconnaître qu’ils n’ont jamais exigé de nous de travailler. Et nous, mains tendues, nous en sommes encore à réclamer  notre part de patrimoine. Infiniment. Eux, et leurs renforts post-libération, ne savent que grappiller et dépenser. Et nous, à nos niveaux respectifs, aussi.
    Si le déclin pétrolier se confirme, l’on risque, tous, de mal nous réveiller de notre nonchalance cupide et cinquantenaire.


    M. H
    musthammouche@yahoo.fr