Officiellement, l'Algérie adore négocier et ne se prive jamais de le rappeler. Que ce soit pour les crises libyenne et syrienne ou pour la récente crise malienne, l'Algérie a toujours prôné le dialogue et la solution politique avant l'affrontement. Ceci en externe. En interne et en privé, c'est une toute autre histoire. Pendant que les avions français survolent l'espace aérien algérien pour aller bombarder les groupes islamistes au Mali sans que la position nationale ne soit clarifiée, sur ce même territoire utilisé comme couloir de guerre, on ne négocie pas. Ni avec les syndicats ni avec les démocrates, les avocats, les chômeurs ou les coiffeurs. On préfère d'abord sévèrement encadrer par des lois répressives et harceler par un impressionnant arsenal politico-sécuritaire puis, en fin de parcours, choisir l'affrontement direct et, à chaque manifestation d'une corporation, tabasser, insulter, ramasser puis passer en jugement.
Mais pourquoi l'Algérie aime-t-elle autant négocier avec l'extérieur et jamais avec l'intérieur ? Une première approche montre que ce n'est qu'une question technique, le régime algérien n'étant pas de taille à tabasser un groupe de Français qui prônent la liberté ou à ramasser des manifestants américains en Amérique, même si le Soviétique DOK aimerait beaucoup le faire. Par contre, à l'intérieur, avec les centaines de milliers d'agents des forces de l'ordre et des juges aux ordres, c'est beaucoup plus facile. La seconde approche est philosophique. Etant eux-mêmes plus ou moins Algériens, les décideurs estiment que l'Algérien ne mérite pas de solution politique et n'a même pas droit au traitement qu'a eu Ançar Eddine. En gros, on prône une solution politique pour le monde entier, Pachtounes y compris, sauf pour les Algériens. Parce que les décideurs n'ont pas de problème avec les étrangers, ils ont juste un problème avec eux-mêmes et avec leur population.