La menace est sérieuse. En s'attaquant à l'un des plus gros sites gaziers du pays, qui produit près du 1/5e des exportations de gaz, il vient d'être signifié que l'Algérie peut être ruinée en une semaine. Faute d'avoir généré un réel développement économique, accrochée à la seule rente des hydrocarbures, l'Algérie est dépendante de sa sécurité dans le Sud. Si celle-ci est défaillante, l'arrêt des stations de pompage peut être très rapide et le pays se trouver sans ressource. Plus grave encore, en utilisant les étrangers comme principal encadrement technique de la rente, l'Algérie n'a pas réussi son autonomie humaine et le PDG de Sonatrach, conscient des enjeux, a d'ailleurs immédiatement tenu à rassurer tout le monde : le gaz et le pétrole continueront de couler et les étrangers ne partiront pas.
L'équation est terrible : des étrangers ciblés dans le Sud qu'il faut absolument protéger et convaincre de rester, et des frontières immenses qu'il faut impérativement surveiller. Tout comme est cruelle cette malédiction naturelle et humaine : plus grand pays d'Afrique aux frontières désertiques les plus longues du continent et riche en hydrocarbures que l'Algérie ne sait pas exploiter seule. Quel autre destin aurait-on pu avoir ? Un petit pays forestier spécialisé dans la cueillette des champignons ? Une terre riche en ressources humaines où l'étranger ne viendrait que pour faire du tourisme ou encore un pays pétrolier mais où les puits auraient été au Club des Pins, plus faciles à sécuriser ?
La nature et la faible vision des dirigeants l'auront voulu ainsi, l'Algérie est dépendante des hydrocarbures, eux-mêmes dépendants des étrangers. L'autonomie et la souveraineté ne sont, à ce niveau, qu'une vue de l'esprit. Le gaz ne se mange pas, pas plus que le pétrole ne se boit, tout comme ceux-ci ne sont pas facturés en dinars. L'ensemble des chômeurs du Sud le sait très bien.