Le pouvoir algérien va-t-il prendre la mesure de la lame de fond qui agite le monde arabe? Au bout de trois semaines à peine de révolte et une mobilisation exceptionnelle des Egyptiens, le président Moubarak lâche le pouvoir et s’en va… laminé par une inimaginable ferveur populaire. Après la fuite de Ben Ali, Moubarak chute. L’homme était pourtant indétrônable, appuyé par des redoutables services de sécurité parmi les plus puissants du monde arabo-musulman. Comme Ben Ali, le raïs a fini par capituler face à la rage populaire.
 Deux dictateurs sont tombés en moins d’un mois. Le monde arabe est à  présent dans un nouveau cycle politique. Un peu partout, du Maroc au  Yémen en passant par les monarchies du Golfe, tous les régimes  autoritaires de la région sont rejetés par leurs peuples, y compris le  nôtre — l’aspiration à la liberté, à la démocratie, au bien-être social  sont de fortes exigences populaires.
 Le régime algérien doit impérativement initier des réformes pour  transformer en profondeur le système politique s’il ne veut pas subir,  comme en Tunisie et en Egypte, la colère du peuple. Le président  Bouteflika doit engager une véritable ouverture politique au sens plein  du terme, sincère, sans faux-fuyant, sans laquelle il prend le risque de  plonger notre pays dans une tourmente. Les appels montent et se font de  plus en plus pressants, il est tenu de les écouter et de les prendre en  charge.
 La répression n’a pas de raison d’être dans cette phase historique que  traverse en profondeur le monde arabe. S’il ne veut pas être chassé du  pouvoir par une révolte populaire, il doit prendre les devants et ne pas  attendre que le feu atteigne la maison.
 Il est encore temps. Il doit délivrer aux Algériens un message d’ouverture, en évitant au pays de nouvelles factures.
