L’Algérie est-elle en état de décomposition ? Un nouvel aperçu de la très mauvaise gouvernance du pays depuis une décennie vient de nous être fourni par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia en personne. Dans une lettre confidentielle adressée au ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, le locataire du Palais du gouvernement fait un constat sévère de la situation de la santé et met en cause directement M. Ould Abbès. Ce dernier est pratiquement accusé de sabotage et d’incompétence, de ne guère se soucier de la santé de la population, de ne pas tenir ses engagements. Il lui reproche de mener une politique qui a abouti au blocage des centres hospitaliers dont nombre d’entre eux ont été contraints d’arrêter les soins dans les blocs opératoires et à la limitation des rendez-vous pour les traitements de radiologie et de chimiothérapie.
Une politique désastreuse au point qu’une dizaine de malades atteints de cancer meurent chaque jour faute de traitement. Et le ministre se vante d’avoir économisé 94 millions de dollars dans l’importation des médicaments, une économie que personne ne lui a demandée et un mépris pour tous les malades algériens. Les remarques du Premier ministre sont connues de tous les citoyens. Il n’a pas mâché ses mots ; pour ceux qui connaissent son caractère, il aurait viré un cadre pour nettement moins que cela. Cette lettre à M. Ould Abbès aurait dû être accompagnée d’une autre, de limogeage, «pour négligence grave», au moins, surtout que ce ministre passe son temps à dire des contrevérités aux Algériens. Il n’a rien pu faire.
Ce qui signifie que le ministre la Santé bénéficie de protections qui dépassent les compétences d’Ahmed Ouyahia. Ce qui n’est pas étonnant outre mesure. Les Algériens se sont habitués aux ministres qui volent, qui gèrent mal, qui dilapident les richesses nationales, des ministres impliqués dans des scandales de corruption. Tant que les affaires n’ont pas pris une dimension internationale, comme avec Chakib Khelil et Mohamed Bedjaoui, chacun peut faire ce qu’il veut et il ne sera jamais inquiété. Des seconds couteaux paieront à leur place.