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les dérives normales du cnt libyen

  • Les dérives normales du CNT libyen

    Rafik Tadjer

     

    Avant même d’accéder au pouvoir, le Conseil national de transition (CNT) multiplie les maladresses.  Le comportement de ses dirigeants a de quoi inquiéter les Libyens et susciter la méfiance des voisins de la Libye, particulièrement l’Algérie. La révolte populaire du début de l’année semble se transformer progressivement en un projet dont l’objectif s’éloigne de plus en plus des aspirations démocratiques qui ont fait sortir des milliers de Libyens dans la rue pour réclamer le départ du dictateur Mouamar Kadhafi.
    Si le soutien de l’Otan aux rebelles ne pose pas problème, les relations entre le CNT et Israël sont un véritable motif d’inquiétude dans la région. Jeudi, l’écrivain français Bernard‑Henri Lévy a affirmé avoir transmis un message du CNT au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une rencontre jeudi à Jérusalem.
     
    « J'ai communiqué au Premier ministre un message verbal de ce Conseil, dont le point essentiel est que le futur régime libyen sera un régime modéré et anti‑terroriste, qui aura le souci de la justice pour les Palestiniens et de la sécurité pour Israël », a affirmé M. Lévy à l'AFP. Selon ce message, « le futur régime libyen entretiendra des relations normales avec les autres pays démocratiques, y compris avec Israël », a précisé l'écrivain, en provenance de Misrata, une ville située à l'est de Tripoli et contrôlée par les rebelles du CNT. Bernard-Henri Levy affirme que le Premier ministre israélien « n'a pas semblé surpris par le message ».
     
    Vendredi, au lendemain de cette déclaration, le CNT n’avait toujours pas démenti le contenu du message envoyé aux autorités israéliennes. Cette lettre intervient quelques jours après la diffusion d’une information sur l’existence d’un accord secret conclu entre le CNT et Israël pour l'installation d'une base militaire israélienne en Libye. Une information qui n’a jamais été démenti par les rebelles libyens.
     
     
    Accusations contre l’Algérie
     
    Si le CNT libyen fait tout pour rassurer Israël, il ne rate aucune occasion de s’attaquer à l’Algérie. Depuis le début du conflit, l’organe politique de la rébellion libyenne a multiplié les accusations à l’encontre de l’Algérie. Il a affirmé que l’Algérie envoyait des mercenaires et des armes au régime de Kadhafi, sans jamais apporter la preuve de ces accusations. Moustapha Abdeljalil, le chef du CNT, a porté des accusations publiques contre l’Algérie. Le CNT s’est même plaint officiellement auprès de la Ligue arabe concernant l’aide de l’Algérie au régime du colonel Mouamar Kadhafi.
     
    Pourtant, aucune preuve sur l’implication de l’Algérie n’a été fournie par le CNT. A l’exception de la France, les grandes puissances occidentales, directement impliquées dans le conflit, ont démenti l’envoi par le pouvoir algérien de mercenaires et d’armes en Libye. « Je n'ai rien vu d'officiel ou de rapport qui fasse état d'envoi par l'Algérie de mercenaires en Libye », a déclaré mercredi  à Alger le commandant de l’Africom (Commandement militaire américain pour l'Afrique), le général Carter F. Ham. Pour sa part, un porte‑parole du ministère britannique des Affaires étrangères, cité jeudi par l’APS, a déclaré : « il n’y a aucune indication qui permette d’affirmer que le gouvernement algérien est en train de faciliter l’entrée de mercenaires en Libye ». Malgré ces démentis, le CNT libyen n’a toujours pas fait le moindre geste d’excuses en direction de l’Algérie et des Algériens.
     
     
    Crimes de guerre
     
    Ces maladresses diplomatiques viennent s’ajouter à des dérapages sur le terrain. Une commission d’enquête de l’ONU a affirmé en fin de semaine avoir « trouvé quelques actes qui constituent des crimes de guerre », en particulier des cas de « torture ainsi que d'autres formes de traitements inhumains et dégradants » de la part de la rébellion.
     
    La même commission met aussi en cause le régime de Mouamar Kadhafi « Des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre ont été commis par les forces du gouvernement libyen », a‑t‑elle conclu, évoquant « un recours excessif à la force contre les manifestants, au moins dans les premiers jours des manifestations, ayant entraîné un nombre important de morts et de blessés ». Le rapport mentionne aussi des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des obstacles à l'accès aux soins médicaux et des « attaques graves » contre les médias.