L’excès en toute chose est nuisible. Des attentats inutiles, des victimes innocentes, qui attestent une fois de plus du mépris qu’a le régime algérien devant les revendications légitimes du peuple.
Sinon comment interpréter la résurgence du terrorisme et les attentats sanglants qui ont coûté la vie à une quarantaine de soldats innocents, au cours de ces trois derniers jours, en Kabylie maritime ? Fait plus qu’étrange, ces attentats interviennent après un long silence des autorités algériennes et de l’AQMI. Curieusement, l’Etat algérien et l’AQMI, certes chacun à sa manière, ont decidé de s’exprimer au même moment.
Sommes nous dans ce cas en face d’une guerre des clans au moment Bouteflika affiche des signes inquiétants d’incapacité a gouverner encore le pays ? Tout le monde ou presque tout le monde s’accorde à dire que la lutte des clans, à toutes les époques et sur toutes les thématiques, a toujours fait partie des mœurs et traditions du régime militaire algérien. Un régime qui ne s’est jamais embarrassé outre mesure de scrupules pour cultiver la contradiction, l’ignorance, la terreur. Tout comme il cultive la manipulation, la prédation, l’intrigue et la corruption avec un art inégalé que l’on ne retrouve que dans le « Prince » de Machiavel.
Depuis la révolution du Jasmin, jamais les complicités n’ont été aussi apparentes entre l’Etat algérien et l’organisation terroriste AQMI et jamais le DRS et cette nébuleuse organisation, n’ont été si proches l’un de l’autre, aussi solidaire l’un de l’autre et aussi actifs au point de s’exprimer au même moment pour manifester leur désarroi devant cette révolution du printemps arabe qui balaye les dictatures à tour de rôle. Apres un long silence, une éclipse qui aura duré des mois, l’AQMI refait subitement surface par des attentats particulièrement meurtriers à la périphérie de la capitale, alors que le DRS plus actif que jamais, tente de susciter d’autres divisions au sein de l’opposition, d’exercer et de maintenir son leadership sur la vie politique du pays et de noyauter les mouvements de contestation populaire dont le nombre a franchi le seuil des 12000 manifestations depuis l’avènement du printemps arabe. Même en Libye, à en croire des sources généralement bien informées, le DRS et la filière d’Al Qaeda Maghreb sont très actifs en soutenant le dictateur Kadhafi. Le régime algérien sait pertinemment que si le verrou libyen venait a sauter, il fatalement embarqué à son tour dans la tourmente dont nul ne peut prédire l’issue. Depuis la révolution du printemps arabe, les autorités algériennes se sentent de plus en plus menacées et vulnérables. Les généraux détenteurs du pouvoir réel savent que la révolution du printemps arabe et la contagion qu’elle propage vont finir par toucher et contaminer inéluctablement le pays. Tout en s’appuyant sur la propagande que distille sa presse aux ordres, le régime algérien tente de jouer la carte de la menace terroriste pour retarder l’échéance du changement et refroidir les ardeurs du peuple.
Il n’y a aucun doute, le régime d’Alger a le moral au plus bas ; il n’arrive plus à tenir sur ses pieds, il chancelle. D’autant plus la maladie du puissant général Toufik qui aurait selon des sources généralement bien informées, délégué une partie de ses pouvoirs, n’est pas sans relancer la guerre des clans au plus haut sommet de l’Etat. Comme un malheur ne vient jamais seul, l’éveil d’une jeunesse animée par un besoin de liberté et d’émancipation, qui rejette toutes les tutelles politique du pays, a ajouté un plus au désarroi des autorités algériennes. Le régime sait lorsque les jeunes bravent la mer, le feu et les balles, ses jours sont désormais comptés.
Des attentats de plus qui viennent de prendre à revers le régime pour lui montrer que ses relais, sa presse, ses associations maquillées aux couleurs de la révolution novembriste, la désinformation et le matraquage que subissent les algériens sont inopérants. La culture de la peur et de la terreur, ne produit plus ses effets sur les algériens qui, il faut le souligner,prennent progressivement depuis la révolution du printemps arabe, de la menace que représente ce régime pour l’avenir du pays. En somme, les attentats qui ont secoué la Kabylie au cours de ces derniers jours, ont été un coup d’épée dans l’eau.