source:l'expression dz
Le personnel médiatico-politique français est mobilisé pour défendre DSK. Pas un mot sur les souffrances de la victime, une jeune femme noire du Bronx. Exception faite de Gisèle Halimi qui s’est offusquée publiquement...
Nous n’allons juger ni l’un ni l’autre. Mais les cas de ces deux personnalités méritent d’être comparés. Pour faire apparaître clairement le rôle des milieux politico-médiatiques en position dominante dans la diffusion des informations. Alors quelle est la différence entre Silvio Berlusconi, président du Conseil italien, et Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI et qui allait, à coup sûr, devenir le président de la République française en 2012? Mais commençons par les similitudes. Tous deux sont présentés comme fortunés et ayant des moeurs étriquées.
Avec une longueur d’avance pour DSK, qui ajoute, dans le quotidien français Libération du 16 mai dernier, une troisième obsession:
«Sa judéité». Tous deux commencent une carrière politique à huit ans d’intervalle. DSK en 1986 en étant élu député et Berlusconi en 1994, année où il crée son parti politique «Forza Italia» («Allez l’Italie»). Depuis, ils intéressent donc les médias et partant l’opinion publique. La portée de ces médias est planétaire. Et là commencent les différences de traitement qu’accordent ces médias aux deux personnalités. Berlusconi est descendu en flammes après avoir conquis le pouvoir en Italie, tandis que DSK est encensé pour conquérir le pouvoir en France. Berlusconi est épié dans sa vie privée tandis que celle de DSK est «protégée» par tous les journalistes. Difficile pour le non-initié (et même pour des journalistes du Sud obnubilés par les «leçons» des médias occidentaux) de comprendre cette différence. Aujourd’hui, il est plus facile de l’expliquer.
Le dernier scandale dont Berlusconi a fait les frais remonte au 14 janvier dernier (il a sur sa «carte de visite» depuis son accession au pouvoir, 24 procès dont quatre sont encore en cours). Il est accusé de détournement de mineure. La presse se déchaîne contre lui. Il est présenté comme un dépravé indigne des fonctions qu’il occupe. La victime, une danseuse de cabaret, est «récompensée» et propulsée star du showbiz. La dernière «affaire» de DSK remonte à quelques jours et a eu lieu dans un hôtel de New York. Le DG du FMI et à «deux doigts» de la présidence française, agresse une femme de ménage qui dépose plainte. Il est arrêté quelques heures plus tard à bord de l’avion, 10 minutes avant son décollage pour Paris. Le personnel médiatico-politique français au complet s’est mobilisé pour le défendre. Pas un mot sur les souffrances subies par la victime, une jeune femme noire du Bronx. A peine si de victime elle n’est pas devenue accusée. Exception faite de Gisèle Halimi qui s’est offusquée publiquement de ce traitement médiatique ségrégationniste.
L’ancien ministre Jack Lang va jusqu’à dire qu’«il n’y a pas mort d’homme». Façon de dire que l’agression commise par DSK n’en est pas une. La presse, tous titres confondus, ne s’attarde pas trop à rappeler que le DG du FMI n’en est pas à sa première affaire du même genre. Très peu rappellent, sans trop insister, l’affaire, vite étouffée, qu’il a eue (en 2008) dès son entrée en fonction au FMI avec la responsable du département Afrique. Mieux, une journaliste française, encouragée par la rigueur de la justice américaine, vient de déposer une plainte contre DSK pour l’avoir agressée en... 2002. Et si elle a gardé le silence depuis, c’est, dit-elle, par peur des représailles. Sa plainte n’intéresse pas la presse qui en fait l’impasse.
Les frasques de DSK, récidiviste, étaient connues de tout le milieu politico-médiatique français depuis des décennies. Mais personne n’a osé défier l’omerta. Encore heureux que l’homme soit détenu par la première puissance mondiale, sinon le pouvoir français aurait «roulé des mécaniques» comme il l’a fait avec le Mexique pour la kidnappeuse française qui y est détenue. Et dire que DSK obsédé par «le fric, les femmes et sa judéité» a failli prendre le pouvoir en France. Quand ces mêmes milieux politico-médiatiques vocifèrent contre la diffusion des images d’un DSK menotté et les trouvent «injustement humiliantes». Ils oublient celles de Saddam Hussein «ausculté» la bouche ouverte comme on le fait pour les animaux. Ils oublient le «procès» et le meurtre du couple Ceausescu en direct. Ils oublient celles de Laurent Gbagbo arrêté en sous-vêtements.
On comprend mieux maintenant la différence qu’il y a entre DSK et Berlusconi. Et bien d’autres!
(zoume6@hotmail)
Zouhir MEBARKI