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les promesses

  • Les promesses de Perlimpinpin

     

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Pour ceux qui se sont étonnés d’entendre dire que l’Algérie sera un pôle de biotechnologie d’ici quatre à cinq ans, Ould-Abbès annonce que “l’Algérie s’attelle à devenir un pays exportateur de médicaments à partir de 2014”, c’est-à-dire dans trois ans.
    Après avoir été longtemps le ministre du Commerce du médicament, voici le ministre de la Santé se muer en ministre de l’Industrie pharmaceutique ! Là où il est question de pénuries de médicaments, de mauvaise prise en charge de malades, de défaut de soins pour cancéreux, le ministre nous fait miroiter un avenir de puissance pharmaceutique.
    Il n’y a pas longtemps, le ministre des Transports nous faisait l’annonce surprenante de la naissance prochaine d’une entreprise de construction navale. Alors que la question du transport maritime attend une réponse depuis une décennie et que nul ne sait ce que le gouvernement veut faire de l’ex-Cnan, Amar Tou nous promet de produire des bateaux. Pourquoi donc un pays qui ne sait pas s’il a encore besoin de posséder des navires se mettrait-il à en fabriquer ? Quelque compétence distinctive nous pousserait-elle à aller concurrencer des chantiers navals historiques en pleine crise du secteur des transports maritimes ? Est-ce juste pour que le ministre des Transports puisse se mettre dans la peau d’un ministre de l’Industrie navale.
    Déjà que l’histoire de la voiture algérienne, encore récemment ressortie par le ministre de l’Industrie, commence à prendre des allures de pierre philosophale : on n’arrête pas de la chercher, mais on ne la trouve jamais. Benmeradi a même détecté les sous-traitants nationaux qui devraient contribuer à l’assemblage de ce véhicule. Mais le taux d’intégration escompté sonne comme un aveu : 25% au mieux. L’autre aveu, c’est qu’au début du projet, et pour      75 000 voitures montées au cours de l’année, seule “une partie des carrosseries” sera de fabrication locale. Si un tissu industriel performant et capable de soutenir techniquement une production automobile existait, pourquoi l’État doit-il régulièrement éponger des dettes de la SNVI et lui assurer un carnet de commandes pour un produit technologiquement bien moins exigeant que le véhicule de tourisme.
    Alors que le peuple ne demande qu’à être plus sérieusement et plus dignement transporté, on lui promet que son pays se portera bientôt au rang de puissance biotechnologique, navale et automobile. Avant cela, il y a des cancéreux à satisfaire en radiothérapie, des routes à désengorger et un équipage enlevé depuis de longs mois à libérer.
    Le discours qui oppose l’illusion d’un grand pays à la réalité d’une condition populaire insoutenable tend à se hisser au niveau de mode de communication politique. Pourtant, il ne fait plus recette et ne distrait plus grand monde. La preuve est dans la rue. Chaque jour, des pans entiers de la société viennent exiger non pas de grands desseins enchanteurs, mais des droits de base qui leur rendent leur dignité.
    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr