Des manifestations un peu partout, mais prévues par la théorie des dominos et de la contagion horizontale. Si le droit à un travail est raisonnable dans un pays qui possède d'énormes réserves financières sans pour autant savoir les fructifier, les Sudistes exagèrent quand même. D'abord, il fait beau chez eux, le temps est toujours merveilleux, immense ciel bleu sans nuage et sans emploi. Ensuite, la nature est belle et il fait meilleur de traîner à Taghit ou l'Assekrem qu'à Baraki ou Sidi El Houari. Dans ce bac à sable pour adultes où l'on peut jouer toute l'année, il faut aussi noter que la vie est moins chère et les connexions par clé USB, Mobilis, Nedjma ou Djezzy fonctionnent beaucoup mieux que dans le Nord. Les routes sont goudronnées et il n'y a pas de circulation, très peu de barrages policiers et de la sécurité en plus. Pour profiter de tous ces avantages, il est vrai qu'il vaut mieux avoir un peu d'argent.
Et pour en avoir, si l'on ne s'appelle pas Bedjaoui, Raouraoua ou Saïdani, il est obligatoire d'avoir un travail. Finalement, tout bute sur ce problème. Le travail. C'est toute l'injustice. Les travailleurs y sont envoyés du Nord et profitent des avantages du Nord et de ceux du Sud, pendant que les Sudistes, vivant au Sud, ont les inconvénients du Nord mixés aux inconvénients du Sud. Il y aurait une solution, de par la destruction accélérée des forêts du Nord et du déboisement organisé de la maigre bande verte du pays. Transformer le Nord en Sud par égalitarisme et faire de l'Algérie un immense désert, des rives du Sahel aux bords de la Méditerranée. Cette opération est d'ailleurs en cours ; dans quelques années, le désert sera aux portes du palais d'El Mouradia, après la stérilisation des terres, des hommes et des idées. Grâce à la clairvoyance des gouvernants, l'Algérie pourra devenir, en plus du grand pays d'Afrique, le plus grand désert du monde à lui tout seul.