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madame

  • Madame vous n'avez rien vu, tout le pays corrumpu sans exception, tout le peule vit en dessous du seuil de pauvrete'

    Souhyar Belhassen. Présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH)

    «L’Algérie est économiquement prospère, mais la population vit mal»

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    Mme Souhyar Belhassen 

    Les rapports entre la FIDH et les autorités algériennes demeurent tendus. Cela dit, l’Organisation de défense des droits de l’homme se réjouit d’apprendre que des invitations ont été lancées par le gouvernement algérien aux procédures spéciales de l’ONU.

    -Le gouvernement algérien vient de lancer des invitations aux rapporteurs spéciaux de l’ONU et à une dizaine d’institutions nationales des droits de l’homme pour enquêter sur la situation des droits de l’homme en Algérie. Mais les ONG les plus importantes (FIDH, HRW et AI) ne sont pas conviées. Pourquoi, selon vous ?

    Tout d’abord, la FIDH se réjouit d’apprendre que des invitations ont été lancées par le gouvernement algérien aux procédures spéciales de l’ONU: c’était là une recommandation que nous formulions depuis plusieurs années.
    En effet, si l’Algérie coopère de manière satisfaisante avec les mécanismes conventionnels de protection des droits de l’homme (par exemple le comité droit de l’homme, le comité contre la torture ou dernièrement, le comité sur les droits économiques, sociaux et culturels) en soumettant ses rapports régulièrement, on ne pouvait pas en dire autant de sa collaboration avec les rapporteurs spéciaux qui demandaient à être invités depuis des années, sans obtenir de suite.Souhaitons que cette démarche positive soit le reflet de l’importance croissante de la question de la protection des droits de l’homme pour les autorités algériennes.

    La FIDH n’a pu se rendre officiellement en Algérie depuis 2005. Pour autant, cela ne signifie pas que la FIDH est absente du terrain algérien: grâce à nos organisations membres (LADDH et CFDA) et partenaires sur place, nous continuons à suivre de près la situation des droits de l’homme en Algérie et nous sommes très heureux d’avoir été en mesure cette année de produire un rapport sur les droits économiques, sociaux et culturels en Algérie.Nous regrettons malheureusement de n’avoir pu échanger avec les autorités algériennes sur les situations sensibles dont il fait état dans ce rapport. Or, pour la FIDH, il est essentiel que le point de vue de tous les acteurs concernés puisse s’exprimer.

    -Pourquoi les relations entre le gouvernement algérien et les ONG des droits de l’homme sont, depuis tout le temps, tendues ?

    Les relations tendues entre la FIDH et l’Algérie remontent aux années noires du conflit civil des années 1990, alors que nous dénoncions des violations des droits de l’homme imputables aux autorités, notamment avec SOS Disparus, les crimes de disparitions forcées.La FIDH était alors traitée «d’organisation terroriste» par les autorités algériennes ; la situation a considérablement évolué depuis : non seulement, l’Algérie a reconnu les crimes de disparition forcée, mais elle a essayé d’y apporter des solutions, même si ce ne sont pas forcément les solutions que nous souhaitons.

    La FIDH souhaite vivement que les ONG internationales de défense des droits de l’homme puissent se rendre à nouveau en Algérie pour y faire leur travail d’enquête et de plaidoyer. Les autorités algériennes doivent comprendre que nous nous plaçons davantage dans une logique de dialogue et non dans une logique de procès : nous dénonçons les violations des droits de l’homme pour mieux les traiter et faire en sorte qu’elles ne se reproduisent pas ; c’est là un gage de stabilité, voire de prospérité pour le pays.

    -Les autorités algériennes estiment que la situation des droits de l’homme en Algérie est en nette évolution, partagez-vous ce constat ?

    Au cours des trois dernières années, l’Algérie a été examinée par plusieurs comités onusiens, notamment le comité contre la torture, le comité des droits de l’homme et le comité pour les droits économiques sociaux et culturels ; la FIDH et ses partenaires ont, pour chacune de ces échéances, produit des rapports qui montraient que la situation des droits de l’homme en Algérie restait très préoccupante et à chaque fois les conclusions des comités sont venues confirmer ce que nous avancions.

    L’Algérie est un pays économiquement prospère, mais dans lequel la population vit mal.Les systèmes de santé et d’éducation publiques sont très mauvais, le droit à un niveau de vie décent est ignoré : les grèves répétées de ces derniers mois et le phénomène des harraga en sont l’illustration.

    Par ailleurs, la torture continue d’être pratiquée par les services de sécurité ; la liberté d’association et la situation des défenseurs des droits de l’homme demeure également extrêmement préoccupante : les organisations de défense des droits de l’homme ne sont pas officiellement reconnues et il est très difficile et même impossible pour elles de mener leurs activités librement.

    -Que pourrait gagner un pays comme l’Algérie en donnant la possibilité aux ONG d’effectuer des missions en Algérie ?

    En permettant aux ONG d’effectuer des missions, l’Algérie ferait la démonstration d’une nouvelle ouverture et surtout aurait la possibilité, en rencontrant les missions, d’exprimer son point de vue sur les situations traitées et pourquoi pas tenir compte de certaines de nos préoccupations ; c’est du dialogue qu’émergent souvent les solutions.   

    Hacen Ouali