Par : Mustapha Hammouche
Les ministres des Affaires étrangères de l’UMA se sont réunis pendant deux jours à Alger avant de se séparer sur un constat qui, au point où en sont les choses, prend des allures de lapalissade : “Le terrorisme et le crime organisé, y compris le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains, les migrations clandestines, les groupes criminels armés, le financement du terrorisme sous toutes ses formes ainsi que le phénomène du blanchiment d’argent constituent des menaces pour la paix au Maghreb, en Afrique et en Méditerranée.”
Espérons que les chefs des diplomaties maghrébines se sont dérangés, enfermés pendant deux jours, par moments à huis clos, pour inventer le fil à couper le beurre. Gageons plutôt que, n’ayant pu s’entendre sur le sujet de leur rencontre, ils ont préféré botter en touche et s’entendre sur une banalité, à savoir que le Maghreb connaît une difficile situation sécuritaire et qu’il devient, comme le dit Medelci, “nécessaire de parvenir à élaborer une vision commune sur les défis sécuritaires auxquels fait face la région maghrébine”.
Mais si la question maghrébine est d’abord sécuritaire, que n’a-t-on pas d’abord réuni les ministres de l’Intérieur au lieu de passer par une résolution des ministres des AE qui “recommande” cette réunion ? En fait, les évènements qui se déroulent au Mali constituent le réel motif politique de cette session du Conseil ministériel des Affaires étrangères (les communiqués officiels parlent de “Conseils ministériels maghrébins” pour donner à ces rencontres un cachet faussement institutionnel et une illusion d’existence à l’UMA). Et là, le résultat est nul. L’accord à minima, celui qui soutient qu’il ne s’agit pas là d’un problème qui concerne le Maghreb comme entité, s’est imposé. Formulée par Medelci, la position s’énonce ainsi : “Après un examen minutieux de la situation, prévalant dans ce pays, ces dernières semaines, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il existe de fortes chances de trouver une solution politique à cette crise.” Le ministre algérien sera plus explicite quand il proclamera que “le dialogue entre le gouvernement et les parties maliennes est nécessaire”, ajoutant que “l’Algérie est disposée à accompagner ces efforts pour trouver une solution politique à la crise”. Notre diplomatie affectionne particulièrement, et avec une certaine réussite, les missions de bons offices. “Mais ça c’était avant”, comme le dit une publicité pour des lunettes.
Depuis l’initiative américaine de mettre en garde la Cédéao contre une intervention à risque au nord du Mali, le tour de table international qui vient d’être ponctué par la concertation stérile des ministres du Maghreb, le Mali devra se débrouiller seul avec les indépendantistes Azawed et avec les groupes armés affiliés à Al-Qaïda.
Les chefs de diplomatie, qui n’ont rien résolu, ont tout même établi un planning de réunions à l’intention de leurs collègues, et en affectant une réunion à chacun des pays membres.
Les ministres de l’Intérieur se retrouveront au Maroc, ceux des Affaires juridiques et judiciaires en Libye, ceux de la Jeunesse et des Sports en Tunisie, et ceux des Affaires religieuses des pays maghrébins en Mauritanie. Le tout sera couronné par un “sommet” à Tunis avant la fin de l’année. Aussi inutile que cela puisse être, l’UMA continuera tout de même à tourner, même à vide.