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  • Algériens arrêtés à Londres pour tentative d’attentat contre le pape Vers l’engagement de poursuites contre Scotland Yard

    Par : Samia Lokmane-Khelil

    Des détails tragi-comiques viennent d’être révélés sur les raisons qui ont conduit à l’interpellation des agents de nettoyage.

    Les cinq agents de nettoyage algériens et leur collègue soudanais arrêtés à Londres, vendredi dernier, pour tentative présumée d’attentat contre le pape Benoît XVI vont très probablement engager des poursuites judiciaires contre Scotland Yard pour interpellation arbitraire et fausses accusations. Cette information relayée lundi par les médias britanniques fait suite à la libération, la veille, des éboueurs. Ils ont été relâchés après quarante-huit heures de garde à vue sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux.
    De nouveaux détails tragi-comiques ont été révélés sur les circonstances de leur arrestation. Selon des indiscrétions, l’individu, sans doute un collègue, qui a dénoncé les travailleurs algériens à la police, a intercepté leur discussion au moment où ils se trouvaient dans le réfectoire de Veolia, la société de nettoyage qui les emploie. Il les aurait entendus échanger des propos subversifs autour de la visite du souverain pontife. Selon le contenu de sa déposition, l’un des agents aurait affirmé qu’il est difficile d’atteindre le pape par un coup de feu car sa voiture est blindée. Un autre aurait proposé d’utiliser une lance-roquettes.
    Difficile d’imaginer un groupe de terroristes concocter un plan d’attentat entre deux bouchées. Mais la police métropolitaine a l’habitude de prendre tout au sérieux, même les informations les plus fantaisistes. Des détails assez surprenants (plutôt grotesques) ont convaincu son informateur sur les intentions louches des agents de nettoyage. Ils parlaient en anglais, mais avec un accent étranger.
    Ils n’ont pas commandé un petit-déjeuner local (The full english breakfast) garni de saucisses de porc et de jambon. Pis encore, trois avaient une moustache et un quatrième portait même une barbe. Croyant détenir, avec cette description sommaire, le profil du terroriste type, les responsables de Scotland Yard n’y ont pas réfléchi à deux fois et ont décidé d’arrêter aussitôt les suspects. Aujourd’hui encore, ils décrivent leur informateur comme un héros. Ils persistent surtout à justifier le bien-fondé de leur intervention en la qualifiant de proportionnée. Dans une conférence de presse, l’officier responsable du raid a indiqué qu’au moment de leur arrestation, les mis en cause ont été incapables de prouver leur identité.
    “Ils n’avaient ni passeport ni permis de conduire, ni relevés bancaires en leur possession”, a révélé le chef inspecteur Savage. S’exprimant sous le sceau de l’anonymat, l’un des travailleurs du réfectoire où les Algériens ont été interpellés évoque une intervention musclée. “Je ne comprends pas pourquoi les policiers ont défoncé la porte dès lors qu’elle était déjà ouverte ni dans quel but ils ont jeté les tables et les chaises contre le mur”, a-t-il révélé à la presse. Pour ne plus avoir d’ennuis, il a décidé de retirer de son menu les plats orientaux et se contentera, désormais, de servir saucisses et jambon à ses clients. Sur un ton plus sérieux, l’avocat des agents de nettoyage pense qu’ils ont été arrêtés et suspectés de terrorisme pour le seul fait d’être des étrangers, musulmans de surcroît. Conscients de leur mauvaise conduite, les responsables de Scotland Yard s’attendent à la réception d’une plainte dans les prochains jours.
    D’ores et déjà, ils s’emploient à préparer leur défense. Jusque-là, leur principal argument consiste à dire qu’ils n’avaient pas le temps de vérifier le niveau de crédibilité de la menace et devaient intervenir avec célérité pour empêcher un attentat qui a surtout existé dans leur imagination.