Infatigable militant de la pluralité syndicale, ce diplômé de la faculté de médecine d'Alger issu de la génération postindépendance - il est né à Alger en 1964 - agace d'autant plus les tenants de la pensée unique que son parcours le met à l'abri du qualificatif de « subversif » qu'ils accolent un peu trop facilement à tous ceux qui pensent autrement. Scout, membre de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (Unja, organisation de masse du FLN, alors parti unique), diplômé à l'âge de 25 ans, il choisit par idéalisme de travailler dans la santé publique plutôt que dans un cabinet privé malgré les promesses d'enrichissement rapide. Mieux, il entame sa carrière, au début des années 1990, à Larbaa, au pied de l'Atlas blidéen, au coeur du triangle de la mort du temps des GIA de triste mémoire. Il passe la décennie noire à soigner les survivants des massacres collectifs, les estropiés des attaques à la voiture piégée. Et, dans cette Mitidja terrorisée et martyrisée, Lyes Merabet trouve le temps et l'énergie de créer une association... écologique, sans oublier pour autant l'action syndicale et l'émancipation de l'UGTA, centrale qu'il juge inféodée à l'Etat-employeur. D'abord militant de base, il passe en 2002 à la direction régionale du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), puis est élu, en mars 2009, à la présidence de cette organisation, totalement indépendante de l'UGTA, et donc du pouvoir. Depuis plus de six mois, Lyes Merabet est non seulement à la pointe d'un mouvement de grève qui paralyse le secteur, mais il a aussi réussi, en avril 2010, à convaincre les autres animateurs des syndicats autonomes de la fonction publique de créer une confédération qui devrait ravir à l'UGTA son statut d'interlocuteur unique du gouvernement.
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Lyes Merabet : maximum syndical
Par Cherif Ouazani