Avant, c’était mieux. Pas au temps de Boumediène, ou pire, au temps de la France, ou mieux, au temps naturel de la Numidie libre. Avant, avant tout, avant même le big-bang où tout n’était qu’ordre, quand temps, espace, matière et lumière étaient confinés dans la simplicité du «sans évènement», infini et zéro dilués dans le même état total. Contrairement aux historiens, les physiciens aiment s’en rappeler et rappeler que c’est cette explosion primordiale du big-bang qui a généré le désordre et la flèche du temps et, bien plus tard, l’homme aléatoire et sa théorie de l’entropie et du chaos ; tout système tend naturellement de l’ordre vers le désordre, de la simplicité d’une parfaite immuabilité vers la complexité des infinies complications. Pourquoi ce rappel ? Parce que tout n’est qu’avenir sur cette indémontable flèche des temps. Aujourd’hui, aux dernières lectures, il y a deux camps qui s’affrontent.
D’un côté les salafistes, alliés aux Israéliens, Américains, Saoudiens et Qataris ; de l’autre les chiites, sunnites modérés, crypto-communistes, laïcs et démocrates progressistes. Qui va gagner la bataille ? Il faut avouer que le premier camp possède l’argent (le pétrole) et la puissance de feu (USA/Israël), ainsi que le pouvoir de persuasion (CNN/Al Jazeera). Que le second a pour lui l’éthique, le sens de l’histoire, le progrès et la nécessité des libertés. Si l’issue de cette guerre nous concerne tous, il faut bien se demander dans quel camp se situe l’Algérie. Aujourd’hui dans un autoritarisme-utopie de l’ordre, alors que ce n’est qu’un autre désordre, que sera-t-elle dans un an ? Re-voter Bouteflika ? C’est re-choisir un ordre désordonné. Pour les islamistes ? Un désordre ordonné. Il y a une troisième voie, le complexe désordre total, enfant naturel de l’ordre. Oui, mais c’est quoi ? Justement, si on le dit, ce n’est plus du désordre mais un ordre.