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  • Le petit pardon

     

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    Oui, le monde musulman est bien construit. Des trahisons, des dérapages et quelques coups tordus et, entre eux, des fêtes où le pardon est généreusement accordé. Car ce n’est pas un hasard, il y a beaucoup de fêtes habilement disséminées dans le calendrier, comme l’Aïd, pour effacer les errements de chacun avec une accolade et deux ou quatre bisous.

    Ce qui tombe très bien, le Ramadhan a été particulièrement épuisant : 90% de taux d’humidité, 10% de tendresse et une inflation à deux chiffres. Pannes massives d’électricité et d’eau, canicule (non, ce n’est pas Ouyahia) et, bien sûr, le Ramadhan en lui-même, pénible dans sa conception. Enfin, il a bien fallu noter une absence globale de l’Etat à tous les niveaux. Au bas de l’échelle, il s’est endormi dans son frigo armé et, en haut, les auditions présidentielles ont été suspendues.

    En fait, les Algérien(ne)s n’auront vu leur chef que trois fois depuis des mois, et à la télévision. La première pour la visite d’Alain Juppé, la seconde pour la Nuit du destin et la troisième pour la prière de l’Aïd. Si c’était encore le Ramadhan, on aurait pu être agressif et conclure que, finalement, les seules  choses qui intéressent le Président sont la France et la religion. Pas de quoi faire un pays, surtout que dans les nations développées, les dirigeants sont tenus à des points de presse réguliers où ils doivent s’exprimer sur l’actualité.

    Au choix, en ce qui nous concerne, la criminalité, l’arrestation de non-jeûneurs, les dernières importations de blé, les incendies ou les problèmes de base, eau et électricité. Sauf que le Ramadhan est terminé et c’est l’Aïd. Alors, on pardonne. Pour cause de délinquance en hausse, il n’y a pas eu de grâce présidentielle pour cet Aïd et pas de pardon. Mais à la place, une grâce populaire pour le Président et ses ministres, pardonnés. Avant la prochaine fête, qui ne saurait tarder. Pour le 20 août, Journée du moudjahid ?

     

    Chawki Amari