CARNAGE EN NORVÈGE
Un extrémiste de droite interrogé par la police
Le suspect, Anders Behring Breivik, préparait activement son opération, selon des aveux à la police, depuis l'automne 2009 au moins
Dans un geste qu'il considère «cruel» mais «nécessaire», le suspect des deux attaques qui ont ensanglanté la Norvège vendredi, Anders Behring Breivik, proche de l'extrême droite, a reconnu les faits, et affirmé avoir agi seul. Ce Norvégien âgé de 32 ans, a préparé de longue date l'opération. Le carnage, qui a suscité une vague d'indignation et de compassion à travers le monde, a débuté par un attentat à la voiture piégée dans le quartier des ministères à Oslo, suivi d'un massacre à l'arme à feu commis ensuite, froidement, sur l'île d'Utoeya à une quarantaine de kilomètres de la capitale où se tenait l'université d'été de la jeunesse du parti travailliste où étaient présents des centaines de personnes. A la suite de la tuerie, le suspect a été arrêté sur l'île «sans opposer de résistance».
La police norvégienne a annoncé hier que 97 personnes avaient été blessées et a fait état d'un nombre encore indéterminé de disparus. Le nombre de morts est inchangé, avec 92 victimes, a annoncé le commissaire de police, Sveinung Sponheim, lors d'un point de presse. «Il y a encore des disparus dans le quartier des ministères» a ajouté un porte-parole de la police d'Oslo, sans pouvoir fournir de chiffres. Selon la police, 67 personnes ont dû recevoir des soins après la fusillade et 30 autres après l'explosion. Samedi, la police avait aussi fait état de 4 ou 5 disparus sur Utoeya. Une opération dans l'est d'Oslo en lien avec l'enquête, a été lancé hier matin par la police norvégienne a indiqué Anders Fridenberg, un porte-parole de la police d'Oslo à l'AFP. Peu avant de passer à l'acte, le suspect Behring Breivik a diffusé sur Internet un manifeste de 1500 pages, truffé de diatribes islamophobes et antimarxistes. «Il reconnaît les faits», a déclaré l'avocat du suspect, Geir Lippestad, aux médias norvégiens dans la nuit de samedi à dimanche. «Il considère que c'était cruel de devoir mener ces actions mais que, dans sa tête, c'était nécessaire», a-t-il ajouté. La police enquête toutefois toujours pour déterminer s'il y avait «un ou plusieurs» tireurs lors de la fusillade sur l'île d'Utoeya.
Le jeune homme préparait activement son opération depuis l'automne 2009 au moins, selon le manifeste rédigé en anglais et sous un nom anglicisé, Andrew Berwick, et intitulé, «A European Declaration of Independence - 2083». «Je serai perçu comme le plus grand monstre (-nazi) jamais connu depuis la Seconde guerre mondiale», écrit Behring Breivik, qui se présente comme un croisé dans ce carnet de bord où il décrit les préparatifs de ses attaques. Dans le manifeste qui retrace ses gestes depuis 2002, Behring Breivik évoque «l'usage du terrorisme comme un moyen d'éveiller les masses». Sur la foi des informations qu'il a mises en ligne sur Internet, la police le décrit comme un «fondamentaliste chrétien» de droite, sans vouloir se prononcer sur d'éventuelles motivations politiques. Or, les attaques semblent s'être concentrées sur le parti travailliste, au pouvoir, visant d'abord le siège du gouvernement de centre-gauche du Premier ministre Jens Stoltenberg, puis un rassemblement de la jeunesse travailliste. Outre le manifeste, Behring Breivik a publié une longue vidéo sur YouTube, montrant sa farouche hostilité à l'islam, au marxisme et au multiculturalisme. Publiée le jour des attaques, la vidéo décrit l'islam comme «la principale idéologie génocidaire». «Avant de commencer notre Croisade, nous devons faire notre devoir en décimant le marxisme culturel», est-il également écrit. Le Parti du Progrès (FrP), une formation de la droite populiste norvégienne, a annoncé que le suspect avait adhéré au parti en 1999 et l'avait quitté en 2006. Dans un message mis en ligne en 2009 sur le site de débats www.document.no, Behring Breivik reprochait au FrP «sa soif de vouloir satisfaire les attentes multiculturelles et les idéaux suicidaires de l'humanisme». Il se présente aussi comme directeur de Breivik Geofarm, une ferme biologique qui lui a donné accès à des produits chimiques susceptibles d'être utilisés pour la confection d'explosifs. Une centrale d'achat agricole a indiqué samedi qu'il avait acheté début mai six tonnes d'engrais chimiqu