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obstacles à la démocratie

  • La Ligue arabe et l’UA, obstacles à la démocratie

    Par : Mustapha Hammouche

    La Guinée, le pays peut-être le plus  pauvre d’Afrique, entre en démocratie, après plus d’un demi-siècle de dictature et de terreur. Au même moment, l’Égypte, le pays le plus prétentieux du continent, confirme qu’il n’y est jamais parvenu, et la Côte-d’Ivoire s’apprête à renouer avec la guerre civile. Ce qui paraît possible en Guinée, par la volonté d’un perdant qui a voulu épargner la violence à son pays, ne l’est pas en Côte-d’Ivoire, parce que le président s’accroche au pouvoir au prix de toutes les souffrances qu’il inflige à son peuple depuis plus de dix ans d’entêtement.
    En Égypte, Moubarak ne s’est pas embarrassé d’étaler son obstination à se confectionner un Parlement où son parti aurait les coudées totalement franches pour préparer la Constitution qui permettra la succession génétique qu’il envisage.
    Ce week-end électoral montre à quel point les destins de la plupart des États d’Afrique et du monde musulman sont suspendus au caprice d’un homme, de sa famille ou de son clan. Certains d’entre eux, comme Moubarak ou Gbagbo, sont prêts à faire payer à leur pays le prix fort de leur aveuglement despotique. Tout en se prévalant d’une caricaturale vie démocratique, ils peuvent aller, comme Moubarak, jusqu’à livrer leur nation à la risée de l’opinion internationale, ou, comme Gbagbo, jusqu’à en faire le théâtre d’une guerre pour fuir la décision des urnes quand, par manque de maîtrise des lieux, elle leur échappe.
    Si personne n’attend de conversion démocratique de la Ligue arabe, il faut convenir que l’Union africaine, non plus, refuse obstinément de s’adapter à la modernité politique. Alors que l’ONU vient, pour la première de son existence, de prendre le parti de la légitimité démocratique, l’Organisation panafricaine s’est contentée de “s’inquiéter de la tournure prise par les évènements”. Cette espèce de neutralité devant les agissements des dictateurs continentaux en fait une organisation de légitimation des dictatures continentales. Même son interdiction statutaire des coups d’État ne fonctionne que pour protéger les régimes en place quand ceux-ci sont menacés par la contestation. Elle n’oblige pas Gbagbo, comme elle n’a pas obligé Mugabe à se soumettre au choix des urnes auquel eux-mêmes ont fait semblant de se soumettre.
    Les “Républiques” d’Afrique du Nord bénéficient, quant à elles, de la double caution de l’Union africaine et de la Ligue arabe pour soutenir leur orientation de présidence à vie, doublée d’une option successorale familiale. Elles peuvent même se prévaloir de quelque moderne modernité, comparée aux systèmes de pouvoir antérieurs à la notion d’État qui composent la Ligue.
    En tant que syndicat des autocrates en exercice, l’UA s’emploie aussi à la protéger des risques que leurs abus leur font courir auprès des instances internationales. Le ridicule fut atteint au cours du récent sommet Afrique-Europe, en Lybie quand Omar Al-Béchir dut… boycotter la réunion de Syrte !  Le subterfuge illustre l’insondable prédisposition de l’Union africaine à toute gymnastique qui lui assure l’impunité personnelle de ses actionnaires.
    L’intervention de l’ONU en Côte-d’Ivoire vient de montrer que l’Afrique n’est pas mûre pour un développement politique autonome. Et que l’UA, assurance-vie de ses dictatures, hypothèque le progrès démocratique sur le continent.