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ombres au tableau

  • algerie:Ombres au tableau

     

    La rentrée scolaire se déroule dans les mêmes conditions que dans tous les secteurs de la vie nationale, dans l’improvisation, les incertitudes et la tension. Le pays est depuis trop longtemps installé sous l’empire de l’anarchie à tous les niveaux pour que les choses se normalisent à la faveur d’un simple changement de gouvernement. Loin des débats sur la réforme en profondeur du système éducatif et la promotion du statut des personnels de ce secteur, les interrogations se sont focalisées pendant des années sur l’énigme de la longévité de Boubekeur Benbouzid à la tête de ce département. Le système politique ne s’est décidé à «lâcher» l’inamovible ministre que sous la menace lourde agitée par les syndicats de l’éducation qui avaient, depuis plusieurs semaines, promis des mouvements de grève dès la rentrée des classes.

    Le spectre de la paralysie des activités scolaires, qui a passablement mis à rude épreuve un secteur déjà mal en point, est provisoirement levé, en attendant des signaux forts de la part de la nouvelle tutelle ministérielle. Lorsque le dialogue sera renoué avec les organisations syndicales, en rupture avec la sourde oreille, parfois la répression, dans la gestion passée, il sera alors possible de faire l’état des lieux d’un secteur déclaré sinistré depuis au moins deux décennies, et entrevoir un début de solution pour les nombreux problèmes restés en suspens. Offrir des conditions d’accueil décentes aux élèves s’impose comme une priorité dans l’action gouvernementale, au vu de l’effarante détérioration infrastructurelle du secteur de l’Education. Il est illusoire de vouloir prodiguer le moindre enseignement lorsque les conditions matérielles minimales de scolarisation ne sont pas assurées. Il n’est pas sûr que les autorités centrales aient une idée précise sur la scolarité dans les localités rurales, où le repas froid est la règle et les kilomètres à pied une contrainte au quotidien.

    Les établissements en préfabriqué continuent à accueillir des milliers d’élèves, au-delà de la durée de vie des parois douteuses de ces constructions remontant aux années 1980. Dans un Etat où la réalisation des écoles est menée au même rythme que la rénovation des routes, en différant au maximum les délais de livraison, il n’est pas sûr que les écoliers du pays profond soient tirés du dénuement de sitôt. Quant à la remise à niveau des programmes scolaires pour les hisser aux standards universels, il faudra sans doute attendre un nouveau projet de société au pouvoir, résolument moderne, pas seulement un nouveau gouvernement.

     

    Djaffar Tamani