Vous ne le savez peut-être pas, mais si vous ne faites pas la prière ou si vous ne comptez pas vous rendre bientôt aux Lieux saints de l'islam pour un pélerinage, vous êtes sous la menace imminente d'une incarcération pour "atteinte à un précepte de l’Islam", et cela ne pardonne pas. Deux ans de taule, peut-être trois...Le pauvre Farès d'Oum - El - Bouaghi n'en savait rien qui a cru pouvoir manger en cachette pendant le ramadhan : il va passer les deux prochaines années derrière les barreaux pour "atteinte à un précepte de l’Islam". Dans sa plaidoirie, maître Belaïd, avocat de la défense, a vainement tenté de convaincre le tribunal de l’inexistence de loi qui condamne les récalcitrants et qu’il relève de la liberté individuelle de ne pas pratiquer tel ou tel précepte. En vain.
«Bien sûr, on est tenu de respecter la foi des autres, mais si on s’amuse à ça, on va mettre en prison des gens qui ne font pas la prière et ne vont pas au hadj», résume Mustapha Bouchachi, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) pour qui ce genre de poursuite n’a aucun fondement juridique et qui rappelle que ce genre de procès à la mode est lié à un excès de zèle et de religiosité de la part de l’institution judiciaire, en dépit du fait que la liberté de culte soit garantie par la Constitution algérienne. «Nous considérons que c’est une atteinte à la liberté de culte."
Pourtant le procès de Aïn El Hammam et celui, bien avant, des non-jeûneurs de Biskra qui tous ont fini par être relaxés a confirmé que ce genre de poursuite n’a aucun fondement juridique. Mais nous ne sommes plus devant la loi. Nous sommes devant la stratégie d'un président de la République qui veut se présenter en défenseur de la majorité musulmane afin d'instaurer des rapports d'allégeance, de "messie" à " croyants".
"Ce genre de condamnation fait plus de mal à l’Algérie et à l’Islam lui-même. Nous donnons l’image d’un pays fermé», souligne Bouchachi. Vendredi matin, l'information faisait le gros titre du site Yahoo.
S.B.