L’Algérie a perdu son industrie
Malgré quelques reprises, l’industrie se voit de plus en plus marginalisée et n’a participé qu’à près de 5% de la valeur ajoutée globale de l’année dernière, soit moins que la part des services de l’administration. Cette déclaration faite par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, devant les députés de l’APN lors de la déclaration de politique générale du gouvernement, résonne comme un aveu d’échec.
Pire, elle se situe en dernière position parmi les secteurs pour sa contribution à la création de richesses nationales. La production nationale connaît des lacunes structurelles et laisse ainsi la place à une progression envahissante des importations de toute nature. Cette situation est qualifiée dans son discours «d’anormale et d’inacceptable, alors que l’Algérie dispose d’une importante base industrielle ayant besoin de relance et de savoir-faire». Les industries manufacturières n’ont pratiquement pas connu de hausses durant plusieurs années, notamment depuis que notre pays est passé de l’économie dirigée à l’économie de marché, malgré les sommes colossales injectées.
Il faut reconnaître aussi que l’industrie du secteur public n’a pas les moyens et ne pourra pas concurrencer celle du secteur privé.
Cette industrie, fortement implantée à l’Est algérien, vit les mêmes difficultés : des usines à l’arrêt, des travailleurs qui n’ont pas perçu de salaire depuis plusieurs mois et du matériel qui a coûté cher à l’abandon. Une situation qui n’a pas pu être corrigée par l’Etat. La relance des entreprises publiques industrielles s’est vu mise en attente de repreneurs privés nationaux dont les capacités financières limitées les excluaient de l’accès aux unités industrielles d’envergure et en attente de partenaires étrangers, dont certains ont choisi de confiner l’économie algérienne au rang de simple marché.
La stratégie algérienne dite «des industries industrialisantes» a montré ses limites dès le milieu des années 1980 à la suite de la baisse drastique des revenus pétroliers qui avaient servi à la financer. Dans la stratégie de redéploiement industriel, de nombreuses contraintes persistent et se transforment souvent en obstacles par rapport aux objectifs recherchés : règlement de la question du foncier économique, réglage des mécanismes de financement, mise en relation des entreprises et des universités et centres de recherche, accès des entreprises aux TIC et leur mise en réseau, portails d’entrée des entreprises et leur accès aux informations et centres experts mis à leur disposition, regroupements en réseau des entreprises, création de noyaux de coordination entre les différentes activités de production, de distribution et d’exportation…