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paradoxe

  • Repère : paradoxe européen

     

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    Depuis qu’elle a entrepris de convertir les anciens accords de coopération en accords de partenariat, la Commission économique européenne, devenue Union européenne, avec un champ politique inédit et large dans le même temps, a toujours mis en avant une sorte de contrat-type ou d’accord-cadre soumis à l’ensemble de ses partenaires. Ce qui, tout compte fait, n’est pas mauvais, même si cela fait grincer des dents le niveau de coopération, ou plus précisément le volume d’affaires, n’étant pas le même. Sauf que l’Europe, depuis le lancement du projet méditerranéen en 1995, entendait être attentive à des questions sans rapport avec le monde des affaires, comme les libertés et les droits de l’homme, d’une manière générale.

    A l’époque, cela semblait tellement évident, avec la signature, deux années auparavant, de l’accord de principe palestino-israélien, ou encore l’accord d’Oslo, que l’on se retenait de penser aux problèmes qui pouvaient surgir en cours de route. Les Israéliens ont transformé l’autoroute en impasse, heurtant même les intérêts européens. L’explication est simple : les deux processus étaient pour ainsi dire liés, et la mort de l’un provoquait celle de l’autre, celui-ci étant ramené à sa notion de base, celle des accords de partenariat. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Europe vient de prouver son incapacité à faire respecter ses décisions en matière de respect des droits de l’homme et de libertés. Elle a bien tenté d’amener Israël à revenir à la table des négociations avec les Palestiniens, mais sans jamais hausser le ton.

    Des députés européens, qui n’ont pas le moindre pouvoir de décision dans ce genre de négociations, ont bien demandé aux Etats européens de bloquer, sinon d’agir, dans le cadre des fameuses clauses contenues dans l’accord de partenariat. Il estimaient possible d’entreprendre de telles initiatives pour faire cesser la répression israélienne, ainsi que la politique de colonisation qui a déjà ruiné l’espoir d’une solution à deux Etats ou encore retarder l’octroi à Israël du statut de partenaire privilégié. Il n’en a, pour ainsi dire, jamais été question dans l’agenda des Européens.

    L’Europe, qui disposait d’un cadre légal et au demeurant accepté par ses partenaires, a refusé d’en tenir compte, reculant même sur des questions aussi sensibles que celles des libertés et des droits de l’homme, se contentant tout juste de déplorer, et encore avec une excessive précaution, des situations dramatiques. L’on se rappelle que lors de l’agression israélienne contre la bande de Ghaza durant l’hiver 2008/2009, l’UE avait gelé le «rehaussement» de l’accord d’association signé avec Israël dix années auparavant. Sauf à croire qu’Israël est effectivement «membre de l’Union européenne sans être membre des ses institutions», comme l’avait déclaré en 1999 l’Espagnol Javier Solana, il y a de grosses exceptions que l’Europe a décidé d’entériner.

    Tout d’abord, le rehaussement en question serait acquis même par des voies détournées, sans le moindre impact sur la situation au Proche-Orient et surtout celle des Palestiniens. Un Conseil d’association devait se tenir, hier, à Bruxelles et sera ponctué par la signature d’une soixantaine d’accords. Pourtant, l’UE avait rassuré les Palestiniens que rien n’allait être engagé en ce sens. Plus que cela, l’Autorité palestinienne avait appelé l’UE à revoir son partenariat avec Israël, en raison de la production de biens dans les colonies de peuplement juives.

    Et dire qu’au mois de mai dernier, les ministres européens des Affaires étrangères dénonçaient l’accélération de la colonisation israélienne, estimant qu’elle menaçait de rendre «impossible» l’existence de deux États, israélien et palestinien, et critiquant l’«extrémisme» et la «violence» des colons. C’est pourquoi, les observateurs en sont à douter de la position européenne, n’excluant pas qu’elle s’empêtre dans des paradoxes que rapportent ses communiqués. Ils n’excluent d’ailleurs que celui qui devait en sortir hier reprenant celui de mai dernier. Entre ce qui se dit et ce qui se fait, c’est vraiment le grand écart.

    Mohammed Larbi