Poste par Rédaction LQA
La question de l’illégitimité du pouvoir, posée avec force à partir d’octobre 88, demeure, à ce jour, la question centrale qui conditionne tout le reste dans notre pays. A cette tare originelle du pouvoir actuel, s’ajoutent l’absence de vision, la corruption et l’opacité. Depuis janvier 92, sous couvert de lutte contre le terrorisme, la violation des droits de la personne est devenue systématique. Le fossé qui a toujours existé entre la nomenklatura au pouvoir et le reste du peuple s’élargit de jour en jour, au point que nous pouvons dire que la minorité au pouvoir est aujourd’hui considérée par la population comme un clone de la minorité européenne qui tenait le pays durant la colonisation.
Notre pays a plus que jamais besoin d’une véritable alternance. Malheureusement, la question du changement pacifique, dont nous ne cessons de débattre sur LQA depuis 2009, continue de nous hanter, sans que nous puissions trouver des réponses définitives et satisfaisantes. Il devient de plus en plus clair, cependant, que, malgré son bilan catastrophique, la minorité qui a pris le pouvoir par la force et qui le conserve en usant de la ruse et de la manipulation ne cédera la place que si elle y est forcée. Il y a trop d’intérêts en jeu et trop de risques pour la nouvelle bourgeoisie militaro-bureaucratique d’État de tout perdre et de se retrouver sur le banc des accusés si le pouvoir venait à changer de mains.
Tant qu’il n’y a pas une situation de crise, avec des millions de personnes dans les rues pendant plusieurs mois, ils ne bougeront pas. Ceci est une vérité que nous ne devons pas cacher. La seule façon de provoquer le changement est donc de mobiliser toutes les forces vives et de paralyser le pays. Les syndicats, les partis politiques d’opposition, les étudiants et lycéens, les intellectuels et artistes constituent la force de frappe qui forcera la minorité au pouvoir à passer la main. Tant que cette situation de crise n’est pas provoquée, il ne faut s’attendre à rien de sérieux.
Il est clair donc que la confrontation entre la majorité du peuple et la minorité au pouvoir, même si elle ne doit pas faire appel à l’usage de la violence, ne peut faire l’économie d’une démonstration par les forces vives de leur volonté de changer les choses, quitte à paralyser le pays. Pour arriver à cela, un travail d’agitation doit être mené par une coordination des forces de l’opposition qui devra s’efforcer de regrouper en son sein le maximum de représentants de la société civile. La seconde condition est la gestion de la crise par les dirigeants de l’opposition. En effet, il y a tout lieu de s’attendre à un remake du scenario des années 90, en cas de dérapage et d’usage de la violence par les manifestants. L’exemple de la Syrie nous montre clairement aujourd’hui jusqu’où peut aller un régime dictatorial aux abois afin de conserver le pouvoir.
Les élections législatives que le pouvoir prévoit d’organiser en mai prochain pourront constituer le point de départ d’un mouvement contestataire de grande ampleur, pour peu que les forces de l’opposition véritable sachent en saisir l’opportunité. Mais le préalable pour arriver à cela est de constituer un front uni face au pouvoir est de dépasser le clivage qui, depuis 1991, divise le pays entre «islamistes» et «démocrates». C’est là que réside la plus grande difficulté. «Islamistes» et «démocrates» peuvent-ils unir leurs forces en vue de faire tomber, de manière pacifique, la minorité qui bloque le pays et entamer une nouvelle ère de compétition loyale et transparente pour le pouvoir? Ceux qui ont tenté, en 2011, d’initier des marches à Alger ont échoué dans leur entreprise car ils n’ont pas eu le courage de poser clairement ce problème.
Notre pays a aujourd’hui plus que jamais besoin de tourner définitivement la page de l’autoritarisme, synonyme de violation des droits de la personne, de médiocrité, de pillage de l’économie par la minorité au pouvoir et de corruption. Cet objectif ne pourra être atteint tant que les forces de l’opposition véritable travaillent chacun de son côté et ont des visions totalement divergentes de ce que devra être l’après-État-DRS.