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perdue

  • Mélange des genres

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Invité par la télévision, il y a deux ou trois ans de cela, pour évoquer la participation des Verts en Coupe du monde, l’ex-international, Megharia, expliquait aux téléspectateurs qu’à ce niveau de la compétition, il était impossible de jouer un match tout en jeûnant. Soudain déconnectée du sujet de l’émission sportive, l’animatrice réalisa qu’elle venait de laisser s’échapper à travers son média un message portant atteinte aux principes mêmes qu’il est censé diffuser : les constantes !
    La question suivante fut formulée de sorte à obliger le footballeur à se racheter de cette impardonnable liberté prise avec le dogme.
    “Mais vous les rattrapiez !”, l’interpella-t-elle, parlant des jours non jeûnés.
    La fonction de vigilance dévote est la mieux assurée. Outre le fait qu’elle est adjointe à toutes les fonctions officielles, elle bénéficie du plus large bénévolat. La moindre atteinte à la règle, qui pourtant n’est pas inscrite dans les codes de la République, vous attire d’immédiates représailles publiques. Officiels ou simples citoyens sont unanimes à vous maudire sur-le-champ.
    La terreur qu’inspire ce risque de bannissement empêche les plus libéraux des témoins de venir à votre secours. Participer à votre abomination peut même constituer une manière de donner des gages de leur faux puritanisme.
    C’est dans ce contexte de frilosité rigoriste que Maradona est venu créer le scandale avec son bisou amoureux, mettant en émoi la représentation gouvernementale qui s’empressait autour de la star. On savait que le “gamin d’or” était un personnage à esclandres, mais de là à déshonorer une table d’honneur… dans un pays où l’on traque les poseurs de “cadenas”, cette pratique à la mode qui célèbre la fidélité sentimentale.
    Coïncidence : l’image de l’embarrassant baiser de la vedette, venue justement assister au lancement de la 3G, a fait le tour de la Toile nationale, et même plus loin, dans la journée. Mais, cette fois-ci, le maquis intégriste des réseaux sociaux n’était pas seul à s’épancher sur le scandaleux enfant gâté de la planète sport. L’anonymat d’Internet ayant permis à l’avis contraire de s’exprimer sans peur. Et du débat virtuel entre internautes, il ressort que la question n’a pas été tranchée : laquelle des deux attitudes est la plus étonnante, celle de celui qui embrasse ou celle de celui qui s’offusque d’un couple qui s’embrasse ? Si Internet ne libère pas forcément les us, il semble au moins libérer la pensée.
    Maradona a fait ce pour quoi il a été payé : embrasser le drapeau algérien en Algérie. Et il n’était sûrement pas stipulé dans son contrat qu’il adopte nos mœurs, même le temps de son séjour commercial. Ce n’est certainement pas lui qui est à l’origine de ce mélange des genres — drapeau, foot, showbiz, affaires, service public, politique, religion — que nous pratiquons en toute circonstance !
    Il semblerait que Nedjma est sur un autre “coup de pub” de la même catégorie. La question qu’escamote “l’incident”, et qui est peut-être plus brûlante pour les Algériens usagers du GSM et futurs usagers de la 3G, est peut-être celle-ci : si des opérateurs peuvent se faire concurrence en invitant des stars et des clubs prestigieux à coups de millions, dans un style de promotion à la Khalifa, c’est qu’il y a, peut-être, une certaine facilité à amortir et à rentabiliser leurs concessions.

    M. H.
    musthammouche@yahoo.f