Pékin et Moscou viennent d’offrir deux couteaux au régime de Damas pour qu’il continue d’égorger le peuple syrien. Attitude honteuse. La Chine et la Russie ont utilisé le droit de veto, à l’ONU, pour bloquer une résolution condamnant la répression sanglante en Syrie. Selon l’opposition, le nombre de victimes de la politique de la terre brûlée, appliquée par Bachar Al Assad et ses troupes depuis le début du soulèvement populaire en mars 2011, est de 7593 à la date d’hier. Les enfants n’ont pas été épargnés : 489 morts dont 96 fillettes. Les prisons, dont de nombreux lieux de détention secrets, débordent de détenus d’opinion : 18 345. Après avoir torpillé par tous les moyens sécuritaires la mission d’observation de la Ligue arabe et instauré une chape de plomb en empêchant les journalistes étrangers de faire leur travail librement, le régime de Damas croit désormais avoir carte blanche pour poursuivre la boucherie.
Le veto sino-russe aux Nations unies lui a donné des ailes. Le ministre des Affaires étrangères, Walid Al Moalim, le Goebbels de Damas, n’a-t-il pas dit que la Russie n’acceptera jamais une intervention étrangère en Syrie, mettant de facto son pays sous le protectorat de l’ancien empire soviétique ? La Chine et la Russie, qui ne sont pas des modèles de démocratie, doivent assumer la responsabilité historique d’avoir couvert les horreurs d’un régime condamné à disparaître. Ont-ils pensé à leurs intérêts stratégiques après la fin du règne de la famille Al Assad ? Ou ont-ils agi par un réflexe digne des années de la guerre froide ?
Un débat doit s’ouvrir en urgence sur le système onusien qui donne à une poignée d’Etats droit de vie et de mort sur la planète à travers le mécanisme du veto. Cela est valable autant pour la Russie et la Chine que pour les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Dans ce système du veto, deux continents ne sont pas représentés : l’Afrique et l’Amérique du Sud. C’est injuste. Pire, cela devient criminel lorsque le veto devient un permis de tuer.
Sur le terrain, l’armée syrienne, qui se comporte comme une force d’occupation, bombarde depuis plusieurs jours, à l’artillerie lourde, des quartiers habités par des civils à Homs. La population lance des appels de détresse. Dans le Monde arabe et musulman, ce SOS déchirant n’est pas encore entendu. Seuls la Turquie et le Qatar tentent de faire quelque chose. L’Algérie ? Absente du radar. Si ce n’était la conjoncture actuelle, des officiels algériens auraient applaudi des deux mains la position sino-russe. La Tunisie a appelé à chasser les ambassadeurs du régime syrien en poste dans les pays arabes. Pas l’Algérie. Hier à Alger, la police a empêché une manifestation de l’opposition syrienne devant l’ambassade du régime d’Al Assad. Cela se passe de commentaire.