Ministre, mufti inquisiteur ou flic en chef ? Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbes, ne sait plus quelle ficelle dérouler pour mettre fin au mouvement de grève qui secoue son secteur depuis plusieurs semaines. Tantôt, il revêt son costume de ministre pour appeler au dialogue avec les grévistes. Tantôt, il endosse la soutane de mufti inquisiteur en décrétant que la grève est un « péché » et tantôt il enfile la casquette de flic en chef pour appeler à la répression des médecins protestataires et réclamer des ponctions sur les salaires.
Invité dimanche 15 mai au journal télévisé de 20 heures, Djamel Ould Abbes, 77 ans, ministre de la Santé depuis mai 2010, s’est illustré par des propos pour le moins surprenants.
Interrogé sur le mouvement de grève qui paralyse depuis plusieurs semaines les hôpitaux, le ministre lâche cette phrase surréaliste : « C’est honteux et péché de faire grève ».
Après voir décrété que la grève des médecins résidents est « illégale », s’appuyant ainsi sur une décision prise le 6 avril dernier par le tribunal d’Alger que son ministère a saisi quelques jours auparavant ; après avoir menacé les grévistes de ponctions sur les salaires, le ministre invoque désormais la religion pour discréditer le mouvement de protestation.
Sur quel verset coranique s’appuie donc le ministre de la Santé pour affirmer que la grève est un « péché » ? Bien sûr, aucun. Puisqu’il n’en existe pas.
Non seulement M. Ould Abbes foule au pied l’article 57 de la Constitution qui stipule que « le droit de grève est reconnu », mais il s’autorise des libertés avec les textes coraniques.
L’invocation de faux textes sacrés n’étant pas suffisante, le ministre se mue en censeur et en père fouettard. Au cours de la même intervention à la télévision nationale, M. Ould Abbes exige des chefs de services hospitaliers de recourir à la bastonnade des grévistes dans l’enceinte même des établissements.
« Je ne veux plus de bruits dans les cours des établissements, ni de rassemblements. Vous n’avez qu’à user de la force pour les disperser et les empêcher de se réunir», exige-t-il.
Débordé par un mouvement de contestation sans commune mesure depuis son arrivée au département de la Santé, le ministre qui se dit « médecin » alors qu’il ne serait que TSS ( technicien supérieur en santé ), diplôme acquis en Bulgarie après l'indépendance de l'Algérie, use donc de tous les expédients et de toutes les ficelles pour mettre fin à la protesta.
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