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que dieu nous pardonne

  • Que Dieu nous pardonne, une fois de plus.

     

    Abou Ghraib, pire qu’annoncé. Il est temps de déserter.
    William N. GRIGG
    Le garçon avait très mal et ils ont recouvert les murs et les portes avec des draps. Alors, lorsque j’ai entendu hurler je me suis hissé sur la porte parce que le haut n’était pas couvert et j’ai vu [nom censuré] qui portait un uniforme militaire, en train de mettre son [attribut mâle] dans [l’anus] du petit garçon… pendant que la femme soldat prenait des photos.

    Le témoignage direct de Kasim Mehaddi Hilas, détenu à Abou Ghraib, décrit un des nombreux épisodes d’abus sexuels commis par les interrogateurs US, dont des viols, des viols à caractère homosexuel, des viols à caractère sexuel avec des objets tels une matraque ou un tube néon, et autres formes d’abus sexuels et d’humiliations infligés aux prisonniers.

    Il nous faut immédiatement en finir avec cette idée que la publication d’une deuxième série de photos décrivant les tortures et violations commises à Abou Ghraib et six autres centres de détention pourrait créer une situation dangereuse inacceptable pour les soldats américains dans la région.

    Cela peut paraitre cynique, mais il faut bien rappeler que ceux qui ont signé pour entrer dans l’armée sont payés, formés et équipés pour affronter le danger. Et il faut aussi reconnaître que le fait de faciliter l’invasion et l’occupation de pays étrangers ne constitue pas un élément favorable à la cause de la liberté. En fait, nous devrions être en train de tout faire pour rendre de telles entreprises criminelles plus difficiles.

    S’il faut effectivement diriger nos critiques sur les responsables politiques qui ont envoyé nos soldats dans ces expéditions impérialistes, il ne faut pas pour autant ignorer la responsabilité morale qui incombe à celui qui s’engage dans l’armée en tant que rouage de la machine à tuer produite par notre politique immorale. En considérant la corruption impérialiste nauséabonde qui suinte de toutes nos institutions, je ne comprends pas comment quelqu’un en possession d’une once de morale puisse entrer dans l’armée et y rester – comme si cet organisme bénéficiait d’une sorte d’immunité particulière face à la décadence générale qui touche ce Régime.

    Les Conservateurs et autres adorateurs des Pères Fondateurs de notre République feraient bien de se rappeler que les hommes qui ont gagné notre indépendance et rédigé notre Constitution étaient opposés à l’idée d’une armée constituée, non seulement parce qu’elle pouvait servir d’instrument à une tyrannie intérieure, mais aussi parce qu’elle offrait d’irrésistibles tentations à l’aventurisme militaire vers l’extérieur. Comme souvent, les Pères Fondateurs et leur sagesse n’ont pas pris une ride.

    Oui, il est tout à fait probable que la publication des photographies de tortures et d’abus sexuels - dont des viols homosexuels et, que Dieu nous pardonne, le viol d’enfants – créerait une situation dangereuse et potentiellement meurtrière pour les employés en armes du gouvernement qui sont actuellement en train de tuer et de détruire en Irak, en Afghanistan et ailleurs, des pays qu’ils ont envahi et continuent d’occuper par la force.

    Si nos dirigeants étaient réellement préoccupés par le sort de « nos soldats », ils publieraient les documents d’Abou Ghraib et ramèneraient les troupes à la maison. Eh voilà ! Problème réglé. Mais au lieu de cela, ils censurent illégalement les photos et maintiennent nos troupes sur le terrain – et ils font savoir à présent que l’armée américaine restera embourbée en Mésopotamie (qui est le moins sauvage des deux conflits en cours) pendant encore dix ans au moins.

    Je soupçonne que le « danger » qui préoccupe tant l’Elite n’est pas celui qui guette les troupes (dont le sort importe peu à l’Elite), mais plutôt le danger potentiel que ces troupes pourraient représenter s’ils devaient échapper au carcan mental de l’endoctrinement officiel et se poser des questions sur les gens, les institutions, les causes pour lesquelles on leur a demandé de tuer et de mourir.

    La publication de ces photos, et les conséquences sur le terrain, aurait tendance à faire soulever de telles questions. Une remarque formulée par le Général Major Antonio Taguba, qui a enquêté sur les abus commis à Abou Ghraib, semble confirmer mon impression : « Je ne vois pas à quoi pourrait servir [la publication de 2000 photos de plus sur les mauvais traitements infligés aux prisonniers] sinon pour des raisons juridiques et le résultat serait une mise en danger de nos soldats, seuls défenseurs de notre politique étrangère… »

    Attendez une minute : Taguba a dit « défenseurs de notre politique étrangère », il n’a pas dit « défenseurs de notre indépendance » ou « gardiens de nos libertés ». La politique étrangère dont il parle est celle qui s’ingère dans les affaires intérieures de la plupart des nations de la terre, tout en extirpant des sommes colossales des poches des contribuables afin d’entretenir un appareil militaire grotesquement disproportionné et corrompre les élites politiques à l’étranger. Une politique étrangère qui sème la misère et récolte la guerre et le terrorisme.

    Comment une personne dotée d’un minimum d’intégrité pourrait-elle défendre ne serait-ce que l’idée d’une telle politique, encore moins faire couler le sang pour l’appliquer ?

    Je ne souhaite du mal à personne, mais il me semble que ce serait une bonne idée que d’encourager au moins une partie du personnel militaire, qui va encore devoir endurer un nouveau contrecoup, à un réexamen de conscience et qui devra décider en son âme et conscience de ne plus participer à la plus grand entreprise criminelle au monde, à savoir le gouvernement de l’Etat Uni (orthographe volontaire).

    Suis-je en train d’inciter à la désertion ? En simplifiant les choses à l’extrême au point de pouvoir être compris même par un animateur conservateur de talk-show, la réponse est « oui », surtout lorsque la désertion est la seule manière qui reste pour ne pas soutenir une politique immorale et sans issue, et pour ne plus servir un Régime dégénéré. La désertion devient une obligation morale lorsque le service devient un crime contre Dieu et l’humanité.

    Certes, les engagés américains prêtent serment à Dieu. Cela dit, les maffieux aussi prêtent serment. Personne, en dehors du cercle de fraternité de la maffia, ne considèrerait une désertion comme un reniement du serment. Aucun serment ne peut sanctifier la participation à une entreprise criminelle. Ce qui distingue une armée républicaine d’un gang armé est son engagement sacré à faire respecter l’état de droit – ce qui signifie défendre les biens et les libertés, et contrôler le pouvoir du gouvernement.

    Au moins certains militaires et membres des forces de sécurité (c’est du moins ce que je me dis) ont fini par comprendre que leur serment exige une désobéissance à certains ordres. Dans des circonstances exceptionnelles, la fidélité aux principes de la Constitution exigerait un refus du service militaire dans son ensemble, plutôt que le simple refus d’exécuter certains ordres.

    Nous avons applaudi ceux qui ont « fait défection » de l’Armée Rouge pendant son occupation de l’Afghanistan. (Il est intéressant de noter au passage que je ne me souviens pas d’avoir entendu employer à l’époque le terme correct de « désertion » pour désigner ces cas.)

    A part me lancer dans une diatribe nationaliste, je ne vois comment je pourrais justifier le déserteur Soviétique tout en exécrant l’Américain basé en Irak ou en Afghanistan qui suivrait le même chemin et pour les mêmes raisons : le triomphe de la conscience sur l’endoctrinement. Pour ceux dont la conscience résiste à un tel assaut, un autre argument peut se révéler efficace. scène du film Braveheart Ceux qui ont vu le film Braveheart se souviendront de la description de la Bataille de Sterling Bridge : une énorme armée britannique, en rangs serrés, avec des archers et des cavaliers se rassemble face à une armée écossaise hétéroclite, mal équipée, composée de soldats peu motivés, de malheureux conscrits pour la plupart, contraints de faire la guerre par leurs lords féodaux.

    Prés des lignes écossaises, les lords - dont les allégeances varient en fonction des faveurs accordées par le roi d’Angleterre Edward II - sont en train de discuter frénétiquement une stratégie de négociation. La caméra glisse ensuite vers une conversation entre deux serfs, outrés par la trahison qui se prépare et qui ne fera que répéter un schéma classique : les armées se battront un temps, puis la négociation garantira plus de richesses pour les lords et plus d’impôts pour les serfs.

    « Ca suffit les gars, » s’exclame un des serfs. « Je refuse de me battre pour ces salauds ! »

    Si l’on veut accorder la moindre chance à la liberté, il va falloir que tôt ou tard le personnel militaire connaisse son épiphanie et décide qu’il ne se battra plus pour les salauds qui dirigent ce Régime.

    William N. Grigg

    (*) http://www.alternet.org

    ARTICLE ORIGINAL :
    http://freedominourtime.blogspot.com/

    Traduction VD pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

    URL de cet article 8672
    http://www.legrandsoir.info/Que-Dieu-nous-pardonne-une-fois-de.html