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que foute ces ambassades

  • La haine en réseau

     

    Par : Mustapha Hammouche

    C’est une drôle de bouillabaisse où se mêlent une organisation caritative chrétienne, un réalisateur de films pornographiques en liberté conditionnelle, militant chrétien gourou d’une association, se disant “antimusulman” et consultant sur le film, de sombres acteurs qui ont tourné, ridiculement grimés, sur un faux scénario avant d’être doublés pour les besoins du produit final.
    Le montage, qui court donc depuis des mois sur le Net, n’a rien d’une “œuvre” blasphématoire. Une basse besogne qui n’a “d’intérêt” qu’en ce qu’elle exprime de haine et de volonté de provoquer. Il n’en fallut pourtant pas plus pour allumer le monde arabo-musulman, dans une réaction étrangement différée au 11 septembre.
    Subitement, le monde arabo-musulman s’enflamme. Point d’orgue de cette ardeur vengeresse, à retardement et visiblement incitée, un ambassadeur et trois fonctionnaires américains sont assassinés à Benghazi dans une ambiance où les foules électrisées rivalisent de sonorité et brutalité dans leurs danses de la haine autour des chancelleries occidentales, et surtout américaines.
    Nous voici donc sommés de courir, sabre au clair, et si possible dans l’apparence hirsute qui sied à ce genre d’expéditions, à l’assaut des représentations de l’Amérique pour tuer les ressortissants, piétiner les symboles et brûler les locaux ! Cela par la grâce d’une collaboration d’illuminés californiens opportunément relayés par la légion de chœurs incendiaires et de groupes terroristes au service du projet islamiste liberticide. Une si haute cause pourra justifier notre impuissance à affronter les défis devant lesquels l’Histoire nous a mis depuis la fin de la colonisation : ceux du développement politique, économique et culturel, compensant notre impuissance à sortir de systèmes politiques rentiers et autoritaires, assujettissants et abêtissants. Comme dans une peur de la liberté qui responsabilise, même quand nous en sortons, c’est pour nous en remettre à un système plus aliénant.
    Combien de “bacilles” incubent encore à travers l’insondable réseau virtuel et qui, à chaque fois qu’un prédicateur le décide, peuvent nous obliger à montrer que, faute d’être plus forts que nos “ennemis”, nous sommes plus furibonds qu’eux. Terrible destin à méditer du plus extraordinaire instrument de libre-échange que l’humanité se soit donné ! N’importe quel agitateur peut y déposer les ingrédients de l’explosion et n’importe quel pousse-au-crime peut aller y pêcher ses arguments au moment choisi.
    Dans cet immense fonds de connaissances qu’est Internet, on peut se servir ses caniveaux où s’échangent les “bons procédés” criminels. Cette liberté autorise l’indignation sélective, expression la plus probante de l’indignité. Celle qui nous poussait à fermer les yeux sur les outrances commises par les terroristes au nom d’Allah et de son Prophète : on nous a bien, à propos, inventé le “qui-tue-qui” pour nous tirer d’affaire, puis la “réconciliation” pour nous faire croire qu’on pouvait sortir indemne de notre compromission.
    Depuis avant-hier, circulent sur le Net les photos de jeunes musulmans maliens aux mains coupées. Ici, Internet n’aura pas servi à notre esprit de révolte. Non, c’est avec leurs bouchers, qui retiennent aussi des fonctionnaires algériens, qu’on attend de nous de partager l’expédition punitive contre les mécréants américains !