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quelles perspectives ?

  • Quelles perspectives ?


    Par : Azzeddine Bensouiah


    Où va le monde arabe ? Quel modèle démocratique choisira-t-il ? Celui imaginé dans le cadre du projet du Grand-Moyen-Orient ? Ou celui, défendu également par les Américains, du bout des lèvres, qui consiste à troquer les dictatures actuelles par des modèles islamistes salafistes wahhabites ?

    Le monde arabe est en ébullition. De l’océan au Golf, le vent du changement souffle encore et menace d’emporter monarchies et dictatures ancrées depuis des décennies et que rien ne semblait pouvoir déboulonner. Le “printemps arabe” a remis en cause toutes les certitudes, bouleversé tous les schémas. Désormais, aucun despote arabe ne peut se targuer d’être l’allié des puissants. Aucun dictateur ne peut compter sur ses forces de répression et ses méthodes d’étouffement du peuple. Des dictateurs ont été chassés du pouvoir. D’autres sont sur le point de l’être. Ceux qui résistent encore aux vents du changement tentent gauchement de compter sur les bouées de sauvetage traditionnelles. Les monarchies du Golf, affolées par le risque de changement au Bahreïn, envoient leurs troupes pour éviter la contagion chez eux. Les autres appuient l’option militaire contre le régime libyen. Mais aucun pays arabe n’est en mesure de dire de quoi demain sera fait. Comment percevoir le rôle de la Ligue arabe et son pays hôte, l’Égypte ? Comment agir ensemble pour défendre la cause commune : la Palestine ? Mais, à ces questions récurrentes vient s’ajouter une autre, imposée par les révoltes en cours : où va le monde arabe ? Quel modèle démocratique choisira-t-il ? Celui imaginé dans le cadre du projet du Grand-Moyen-Orient ? Ou celui, défendu également par les Américains, du bout des lèvres, qui consiste à troquer les dictatures actuelles par des modèles islamistes salafistes wahhabites ? Ce qui se passe, actuellement, en Tunisie, de l’après-Ben Ali, et en Égypte, de l’après-Moubarak, fait craindre que la recette concoctée par les laboratoires américains est toute simple : le monde arabe est incapable d’avoir une intelligentsia, une démocratie à l’occidentale. Donc, il faudrait le maintenir entre les jougs des militaires et des islamistes, en attendant que le combat entre ces deux forces finisse par affaiblir les deux et engendrer une sorte de force hybride qui mènerait le monde arabe vers une destination incertaine. Ce qui est certain, en revanche, c’est que “le printemps arabe” fait oublier, le temps d’une révolte, les exactions de l’armée israélienne et la poursuite de sa politique de colonisation, tout comme il met entre parenthèses l’anti-américanisme ambiant dans cette partie du globe.