Il y a aujourd’hui trois générations en Algérie : celles et ceux qui ont été témoins ou acteurs du combat pour l’indépendance (65 ans et plus), celles et ceux qui ont grandi avec l’indépendance (40-65 ans) et dont certains étaient enfants en 62 et gardent un certain souvenir de l’Algérie de l’époque coloniale, et enfin celles et ceux qui sont nés après la mort de Boumédiène et qui n’ont connu qu’une Algérie déchirée par l’exclusion et la violence et livrée en pâture aux opportunistes et incompétents de tout bord.
Les premiers ont chassé l’occupant mais n’ont pas su instaurer un État de droit et ont laissé l’Armée prendre le contrôle du pays. Les seconds ont été façonnés par le système boumédiéniste (Boumédiène, mauvais étudiant d’El-Azhar ou mauvais disciple de Frantz Fanon?) et ce sont eux qui se sont affrontés dans un climat de violence extrême entre 1990 et 2000. C’est la génération qui a été le plus marquée par le système sur le plan idéologique (nationalistes, socialistes marxisants, islamistes, berbéristes) et qui en porte toutes les stigmates.
Quant à la troisième génération, celle des hitistes et des harraga, elle erre comme une âme en peine dans une Algérie dévastée, prostrée, incapable de réagir, si ce n’est en se jetant à la mer dans une embarcation de fortune ou en se faisant exploser devant un commissariat.
«Où va l’Algérie?», se demandait Boudiaf, il y a plus de 40 ans. «Qui tirera l’Algérie du fond du puits?», dirions-nous aujourd’hui. L’Algérie, un immense gâchis. Notre pays, malgré tout…