Par : Mustapha Hammouche
C’est convenu : les élections législatives se tiendront “normalement” au printemps 2012. Normalement, c’est-à-dire comme avant, avec la Constitution qui a couvert les législatives de 2007 enrichie, depuis, de l’article sur la présidence à vie.
La procédure de l’observation internationale, maintes fois appliquée, n’a jamais assuré la transparence d’une élection, ni en Algérie ni ailleurs. Les spectateurs de l’Union européenne et des Nations unies prennent en général le premier vol. Ceux de la Ligue arabe, de l’OCI et de l’UA, dont la plupart n’ont jamais eu à vivre une élection libre, offriront à leurs hôtes le faux témoignage attendu en guise de remerciements pour l’accueil généralement digne de la noblesse de leur mission.
C’est cette Assemblée clonée sur la précédente qui devra voter la révision constitutionnelle, après un débat de même facture que celui qui aura entouré l’examen des “lois de réformes” en cours de finalisation.
L’Algérie pourra alors passer à la phase de mise en œuvre de la nouvelle Constitution qui fera que le quatrième mandat de l’actuel Président ne sera que le premier de la Constitution de 2012. Il suffira, avant, de passer les deux ans qui séparent l’échéance législative de l’an prochain et celle présidentielle de 2014. En plus de l’attention que les élections locales occuperont en fin d’année 2012, il restera suffisamment de marges d’augmentation, de nouvelles subventions, d’opérations de relogement et d’espaces supplémentaires du bazar à ouvrir.
En politique, il faut beaucoup d’activités pour soutenir l’immobilisme. Et beaucoup d’argent pour financer la dynamique du surplace. Et de ce côté-là, les prévisions sont optimistes. Le régime, qui semble avoir fini par comprendre qu’on ne peut concilier la rapine et la croissance, semble avoir renoncé à la seconde pour entretenir la première.
Alors que le développement est sacrifié et pendant que la prévarication se poursuit, on multiplie les voies d’accès à la rente pour tenir les appétits, toujours plus nombreux, en haleine. L’avidité, démocratisée, aiguisée, corporatiste se substitue à l’adhésion à un projet national qui n’existe pas. L’Algérie sera, décidément, et pour longtemps encore ce que le hasard de la lutte des coteries et les aléas de conjoncture pétrolière en feront.
Maintenant que l’élection d’une nouvelle assemblée est à l’ordre du jour. Les députés de l’actuelle assemblée pourront bientôt s’en aller avec la satisfaction de la mission accomplie. En confirmant qu’ils préfèrent dépendre des besoins d’un système rentier que de se soumettre à la volonté indépendante de leurs électeurs, ceux d’entre eux qui souhaitent rempiler auront tout fait pour que leur “réélection” soit possible. Ils ont toutes leurs chances parce que le système qui les a promus n’a pas changé, parce qu’ils l’ont aidé à se “réformer” sans changer.
Changement d’ambiance : les débats qui les ont — et nous ont — occupés vont laisser place à la guerre des quotas, puis à l’alchimie de listes électorales et, enfin, à la machine à doser les résultats électoraux.
L’Algérie qui se réforme ressemble tellement à l’Algérie qui se rechute.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr