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régime menacée

  • La structure du régime menacée

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Pendant huit ans, aucun mouvement diplomatique ne l’a touché. Pas même lorsque son fils fut mêlé à une affaire de détournement. Mais, on ne sait pour quelle raison, il vient d’en susciter un pour lui tout seul.
    Parce qu’il ne répond pas à des considérations de gestion des affaires du pays, mais seulement à des impératifs de cuisine interne au clan, l’événement est sans intérêt politique. Pas plus que l’effacement de Zerhouni ou la déchéance d’Abdelaziz Belkhadem. Ou même l’éloignement de Chakib Khelil.
    Cette succession de défections furtives est significative d’un régime qui, pour avoir trop longtemps résisté à la logique de l’évolution, finit par tomber, de lui-même, en ruine. Dans un État configuré de sorte que chacun de ses organes soit tout entier voué à la légitimation de son leader, chacun de ces organes tire à son tour sa légitimité de l’assentiment du leader et aucune promotion politique ne doit être due au mérite personnel du responsable coopté. Dans ce système de rapports personnalisés, il n’est donc pas nécessaire de s’embarrasser de règles de promotion dans les institutions de l’État.
    C’est en reconnaissance à la primauté de la volonté du chef sur la règle institutionnelle que Amar Saïdani, “élu” président de l’APN, théoriquement par le vote de ses pairs, remerciait, avec la candeur du politicien accidentel, il faut le dire, le président de la République “pour la confiance placée en lui”. C’est aussi par égard à cette prépondérance de l’autorité personnelle sur la forme républicaine que Belkhadem concédait qu’il n’y avait pas d’aberration à nommer un chef du gouvernement RND alors même que le FLN détenait une écrasante majorité à l’APN.
    La cooptation commence par les plus familiers et, de proche en proche, pour ainsi dire, finit par toucher la clientèle la plus anonyme. Ainsi se constitue progressivement la base de solidarité dont le régime a besoin. La rente se charge ensuite de souder le lien quasi organique qui fédère les membres du régime global. Ce système solidaire use de l’exclusion et de la répression pour tenir en respect la contestation.  C’est ce qui donne cette impression que les institutions — y compris celles à vocation de service public — sont toutes organisées pour la défense du régime. Dans l’encadrement de la vie politique, l’État fonctionne comme un parti. Dans sa communication, dans sa mission de service public, dans sa prérogative d’ordre public, dans ses politiques économique sociales et culturelles, dans ses options scolaires, dans sa gestion du sport, dans sa diplomatie… l’État fonctionne aussi comme un parti. Un parti où les partis mêmes se dissolvent. Un parti-État, ou plutôt un parti-pouvoir, parce que l’État et ses attributs sont prioritairement mobilisés pour la légitimation de l’autorité unique.
    C’est cet état de fait qui rend si sensible la question de la disponibilité du Président. Parce qu’aucun organe ne se légitime par sa seule mission propre. Et son détenteur n’a besoin d’autre légitimité que celle d’avoir été choisi. Cela donne un système où la référence à la légitimité politique, à l’expérience et à la compétence, a disparu. Cela donne aussi cette angoisse d’un sérail affolé par la question qui se pose de l’alternance. Celle-ci risque, en effet, d’ébranler  tout le système de rapports d’intérêts qui fonde l’unité du régime.