«Le racisme est une manière de déléguer à l’autre, le dégoût qu’on a de soi-même.»
Robert Sabatier
Il  faut se méfier des hommes quand ils promettent des choses. Il faut  encore s’en méfier plus quand ils dévient les problèmes et se mettent à  parler de choses abstraites, car la politique, comme son nom l’indique,  est surtout l’art de gérer la cité. Quand les politiciens commencent à  saupoudrer leurs discours de considérations byzantines, c’est qu’ils  n’ont rien de concret à proposer à leurs concitoyens ou alors c’est  qu’ils cherchent à noyer des mesures impopulaires dans les débats qui ne  mènent nulle part. C’est ainsi qu’une fois de plus, le débat sur  l’identité et la laïcité s’invite sur la scène politique française au  lendemain des petits scandales qui ont provoqué un remaniement  ministériel. Comme il fallait s’y attendre, c’est une fois de plus,  l’Islam, donc une partie de la communauté musulmane pratiquante qui est  au centre des débats. Pourquoi maintenant? Avant de répondre à la  question, il faut rappeler que le pouvoir français, depuis la nuit des  temps, a cultivé un antisémitisme constant à l’égard des Juifs.
L’Eglise  catholique ayant diabolisé le judaïsme durant des siècles, la fille  aînée de cette église a respecté cette tradition jusqu’à la fin de la  Seconde Guerre mondiale.
Or, à présent, les musulmans ont remplacé  les Juifs comme des têtes de turcs ou boucs émissaires et servent de  défouloir aux couches touchées par la crise économique ou lésées par une  gestion économique menée au service des nantis. Tout cela, parce que  l’Islam, pour des raisons historiques et démographiques, est devenu la  seconde religion de France, laissant loin derrière elle protestantisme  et judaïsme. Et les projections sur l’avenir ne sont guère rassurantes  pour ceux qui croient à une histoire figée, à une image fixe de la  réalité qui leur est familière ou qui est ancrée dans leur culture.
Pourtant,  jusqu’à un avenir récent, les musulmans ne sont pas venus  volontairement dans ce pays où certaines voix s’élèvent à présent contre  leur présence: c’est la politique coloniale française d’abord, ses  aventures belliqueuses, puis son développement économique qui ont poussé  des millions de gens à émigrer.
Chaque médaille a son revers et  c’est l’effet boomerang que certains refusent à présent. La perte des  colonies est un effet traumatisant pour ceux qui ont vu leurs rêves de  grandeur échouer sur les récifs des indépendances. L’autre raison est le  changement récent intervenu dans certains pays arabes et qui risque de  pousser d’autres vagues migratoires vers l’Europe.
Le plus  inquiétant, et le plus drôle, est d’entendre les propos xénophobes  sortir de la bouche de représentants d’une communauté qui a subi le  racisme des siècles durant. Ce qui est encore plus scandaleux est  l’indulgence de la justice française qui n’a condamné M.Eric Zemmour  pour des propos racistes qu’à 2000 euros d’amende, avec sursis. C’est  une sorte d’encouragement à ceux qui ont étouffé la voix de Dieudonné,  de l’abbé Pierre, de Roger Garaudy et de tant d’autres...
Pour la première fois, lobby sioniste et Front national sont sur la même ligne.
Selim M’SILI