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reiventé

  • Islam, islamisme et vertu

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Le Ramadhan, tel qu’il se pratique dans notre société, a son versant sombre. Une facette faite de dérives comportementales que l’on s’efforce de cacher pour ne pas compromettre la réputation d’un mois censé être celui de l’autocontrôle, de la rectitude et de la maîtrise de ses instincts.
    Mais les faits, têtus, nous rappellent à la réalité. Le Ramadhan pose d’abord une vraie question de mœurs de consommation. Il serait plus utile de la poser, cette question, que de continuer à polémiquer annuellement sur qui, de la poule ou de l’œuf, du commerçant ou du consommateur, est à l’origine du spectacle peu reluisant des cohues quotidiennes devant certaines échoppes, de l’opportunisme mercantile de tant de commerçants, de l’avidité alimentaire qui nous fait jeter six millions de pains pendant ce mois d’abstinence, de villes fantômes pendant les jours de… fête de l’Aïd. À ceci, on le voit déjà : un peuple qui jeûne n’est pas forcément un peuple qui raisonne. Pourtant, le rite part d’une intention inverse : l’empire de la sagesse et de la retenue sur une communauté d’humains ballotés, le reste de l’année, par leurs instincts, leurs sens et leurs calculs d’intérêts.
    À l’occasion, le jeûne justifie aussi notre libertinage civique : celui-ci s’exprime par les débordements langagiers et par les retentissantes rixes qui, sous prétexte d’irritabilité, se multiplient à l’envi dans un espace public où ne régnait déjà pas la courtoisie. Il s’exprime surtout sur la route. De manière tragique : au 27e jour de jeûne, le bilan de la Gendarmerie nationale s’élevait à 345 tués par accident de la circulation. Et, pour les trois jours du 7 au 9 août, à 36 morts ! Avec près de 400 morts, c’est le mois le plus sanglant d’une année, qui, comme les précédentes, s’avère encore meurtrière. En 2012, pour 4,5 millions d’automobilistes, la route a fait 4 447 victimes ! La même année, la France, qui compte 40 millions d’automobilistes, a enregistré 3 645 décès !
    Il n’y a pas que l’incivisme et la criminalité de la voie publique qui prolifèrent au Ramadhan. Le président du réseau Nada, qui le dénonce : “Le viol d’enfants a pris de l’ampleur en ce mois sacré.” Vingt viols avérés de gamins y ont été constatés durant le mois sacré.
    Que peut signifier ce redoublement d’incivisme, de violence, d’avidité, de vice et de criminalité ? Il exprime la confusion volontairement entretenue entre une vraie piété, celle qui inspire le civisme, la probité et l’honnête, et une pratique prescrite par le discours, le harcèlement et la terreur inquisitoire islamiste. Là, il s’agit d’adhésion de conviction à une morale formulée en termes religieux ; ici, il s’agit de se plier à un système d’apparences codifié et imposé par des activistes idéologues. Ces activistes bénéficient, dans notre cas, du soutien des institutions squattées par un pouvoir bigot.
    Comme foi, la religion peut soutenir une morale sociale ; comme instrument de mise au pas politique, elle n’a aucun effet assainissant sur la société. Pis, en concentrant le regard sur l’apparence et en escamotant ses travers de fond, la pratique exhibitionniste et superficielle de la religion peut servir à entretenir — et cultiver — les vices cachés de cette société.

    M. H.
    musthammouche@yahoo.f