Des militants algériens appartenant à l’association Algeria Solidarity Compaign, à l’ONG Platform et à la Campagne contre le commerce des armements (CAAT), ont manifesté ce lundi 10 février 2014 à Londres, en face de la bourse London Stock Exchange-LSE. Ils accusent « le Royaume-Uni de vouloir s’accaparer les gisements de gaz en Algérie ». Ils ajoutent que « les autorités britanniques observent un silence complice face aux abus des droits humains commis par le régime algérien ».
Une conférence d’affaire, intitulée « Algeria Investor Window 2014 », se tenait simultanément au sein de la London Stock Exchange-LES. Elle était consacrée aux opportunités d’investissement en Algérie. Des représentants de gouvernements et d’entreprises algériens et britanniques participaient à la rencontre. Elle est co-organisée par UCI International (une organisation de conseils et de promotion des affaires privées), l’Agence gouvernementale britannique chargée de la promotion du commerce et de l’investissement (UK Trade and Investment), l’ambassade d’Algérie à Londres et l’ambassade britannique à Alger
Les contestataires ont soulevés diverses pancartes. On peut lire : « « BP et le Royaume Uni financent la répression de la démocratie en Algérie » ou « Ne sacrifiez pas les droits humains pour l’appropriation du gaz algérien ».
Pour les organisateurs du sit-in, « la publicité de l’événement était explicite sur la promotion d’investissements dans le très controversée pipeline transsaharien qui pourrait exacerber le conflit dans une région fragile et causer des dégâts environnementaux incalculables ».
Les trois organisations ont publié aujourd’hui un rapport conjoint sur les relations entre le Royaume-Uni et l’Algérie. Elle sont basées essentiellement sur l’achat des hydrocarbures et la vente d’armes, jugent les militants. Sous le titre de « Renforcer les dictatures, l’accaparement britannique du gaz et l’état des Droits Humains en Algérie », les associations estiment que « la politique étrangère britannique envers l’Algérie a été façonnée par les intérêts des hydrocarbures et de l’armement ». En second lieu, écrivent-ils, « le Royaume Uni poursuit une politique d’accaparement du gaz algérien, et acheminé vers le réseau britannique sans prendre en considération les conséquences pour le peuple algérien ». En outre, ces ONG indiquent que « le Royaume Uni a élargi ses ventes d’armes au régime algérien, en dépit des abus des droits humains et de l’organisation d’élections frauduleuses par ce dernier ».
D’autre part, l’ONG estime que « British Petroleum (BP) intensifie ses relations avec le régime algérien », tout en ajoutant que « le Royaume-Uni exerce un lobbying pour obtenir de meilleures conditions contractuelles pour les compagnies britanniques malgré les scandales majeurs de corruption en Algérie ». En plus de BP, BG Group et BHP Billington sont deux autres compagnies britanniques activant en Algérie.
Hamza Hamouchene, président d’Algeria Solidarity Campaign (ASC) et auteur du rapport affirme que « le régime algérien, manquant de légitimité populaire et démocratique, cherche à approfondir ses relations avec les capitales occidentales telle que Londres ». « Les marchés conclus dans cette rencontre d’investissement contribueront directement à la longévité d’un régime autoritaire et répressif aux dépens des droits humains du peuple algérien. L’establishment britannique donne la priorité aux intérêts de ses industries d’hydrocarbures et de l’armement au détriment des mouvements démocratiques en Algérie
Le gouvernement britannique aurait du apprendre les leçons des révoltes arabes », analyse-t-il. Pour sa part, Kevin Smith, membre de Platform pense que « la ruée du Royaume Uni vers le gaz n’est pas seulement un désastre climatique mais aussi un soutien actif aux dictatures répressives comme l’Algérie. La politique étrangère du Royaume-Uni semble presque entièrement guidée par un agenda pour sécuriser l’accès aux hydrocarbures polluants à l’étranger, tout en ignorant les abus des droits humains d’un régime avec lequel on est disposé faire du business ». En 2012, est-il souligné, l’Algérie a annoncé la signature d’accords d’exploration avec Exxon et Shell concernant le gaz de schiste.
S’agissant de la vente d’arme, les ONG indiquent que « depuis quelques années, le Royaume-Uni est très intéressé par la vente d’armement à l’Algérie ». « Celle-ci fut considérée comme un marché prioritaire en 2010/11 par la Defence and Security Organisation (DSO), qui est la branche Défense et Sécurité du UK Trade and Investment (organisme britannique publique en charge de la promotion du commerce international). Des 303 millions de livres octroyés entre 2008 et juin 2013 en terme de licences d’exportation envers l’Algérie, 290 millions de livres ont été classés comme militaire. L’armement approuvé pour la vente à l’Algérie été sous les catégories listes militaires 4 et 10 (ML4 et ML10) qui couvrent les armes légères, les grenades, les bombes et les missiles, ainsi que les avions, les hélicoptères et les drones », lit-on dans le texte de présentation du rapport.