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si vous y étiez!

  • La base américaine secrète en Algérie: Comme si vous y étiez!

     

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    par D.Benchenouf

    Le Canard enchaîné a livré, dans sa dernière édition, une révélation sur une base américaine secrète en Algérie.
    L’information est très importante, encore que décalée. Elle a le mérite de lever un black-out sur cette question, observée avec rigueur, autant par la presse algérienne, pour les raisons évidentes que l’on sait, que par la presse française, qui ne s’intéresse à nos histoires que dans la mesure où elles pourraient les concerner directement.

    Iherhir n’est pas Tamanrasset…

    Le problème, dans cet article du Canard enchaîné, est que les informations qu’il donne ne sont pas tout à fait exactes.
    En fait, j’avais déjà traité de ce sujet en 2008, dans mon ex blog, Tahia bladi, aujourd’hui perdu. Dans les articles que j’avais publié sur cette affaire de base secrète américaine, j’avais donné des indications très précises, sur l’emplacement de cette base, sur la société qui l’avait réalisée, sur certains opérateurs qui ont été impliqués dans sa réalisation technique, sur les cercles qui ont pesé sur la lourde décision de son implantation, à l’insu du peuple algérien.
    J’avais bien précisé qu’il ne fallait pas confondre cette base, avec l’antenne de la CIA qui se trouvait à Tamanrasset, au niveau de la base aérienne.
    C’est dans cette confusion qu’est tombé le Canard enchaîné.
    Cette antenne américaine, n’a jamais été vraiment secrète. Elle avait été installée au début des années 90, masquée par l’opération qui consistait à allonger la principale piste d’atterrissage de Tamanrasset, qui devait éventuellement servir de voie de dégagement d’urgence pour la navette Coloumbia. C’est à la faveur de ces travaux, financés par les USA, que la « station d’écoute », pour reprendre les vocables officiels, fut installée à l’intérieur d’une caserne de l’armée algérienne, où se trouvaient déjà ceux de la DRS. Le nombre des agents américains qui se trouvaient dans cette structure avoisine la dizaine de personnes. Le chiffre de 400 agents, avancé par le Canard enchaîné, est tout à fait invraisemblable. Il est tout à fait inimaginable que tant d’agents puissent passer inaperçus, des années durant, dans une ville comme Tamanrasset, où tout se sait. Cette station d’écoute, dispose d’un matériel très sophistiqué, capable de capter des conversations, mêmes codées, à une très longue distance. Chose que le régime algérien cache à tous ses voisins, et au peuple algérien.

    Je crois que le Canard enchaîné a été induit en erreur, en citant ce chiffre, par une circonstance un peu particulière. Parce qu’effectivement, la vraie base secrète, celle d’Iherher, qui n’a jamais été vraiment opérationnelle, a dû accueillir, dans l’urgence, et avant même qu’elle ait été achevée, 400 Marines qui venaient d’une base américaine en Allemagne, et qui se rendaient au Mali, pour une opération dont on ne sait rien. les aéronefs qui les transportaient se sont posés sur la piste d’Iherher, d’ou les Marines ont été acheminées, de nuit, vers le nord du Mali.
    Construire une base est aussi facile que de créer l’AQMI …
    Mais qu’en est-il, en réalité de cette base américaine d’Iherher ?
    Cette base, aujourd’hui démolie en grande partie, avait été projetée par les concepteurs néocons qui avaient commencé par envisager la politique du Grand Moyen Orient, puis celle, plus réaliste, de l’Africom.
    Le Sahel, avait fini par s’imposer comme une région d’une grande importance géostratégique. Des gisements très importants y avaient été décelés, ainsi que dans les pays limitrophes. La Chine, qui avait compris que c’était là, la seule région pétrolifère où elle pouvait enfoncer un coin, avait commencé à s’installer en Afrique. Et tout particulièrement au Soudan. D’où le tollé sélectif soulevé par la guerre du Darfour. Des condamnations, du même type que ceux qui concernaient le Tibet, axés sur une politique d’endiguement de la Chine(Containment).
    Les Américains étaient tout à fait déterminés à faire main basse sur cette région, de la même manière qu’ils contrôlaient le Golfe et le moyen Orient, à fortiori que le Sahel se révélait un centre stratégique pour le futur. Situé au vrai centre du monde géographique, allant du Canal de Suez jusqu’à l’océan atlantique, ce couloir pétrolifère, sera appelé à devenir, dans l’imagination des futurologues américains, la vraie frontière extérieure entre l’Europe et l’Afrique. Une région tampon, qui sera déterminante dans les flux migratoires.
    Pour cela, et d’autres raisons encore, les Américains décidèrent de créer l’Africom, sous des prétextes philanthropiques qui seraient ridicules s’ils n’étaient cyniques.
    L’Africom aurait donc mission de veiller à la sécurité de cette région, de lutter contre le terrorisme international et de le prévenir. Mais comme il était inexistant en ces lieux désolés, il fallait donc le créer. Certains services américains, qui avaient enrôlé des généraux algériens, mais aussi des personnalités politiques, et qui connaissaient très bien la technique du DRS qui consiste à créer des groupes terroristes, comme les GIA, puis à les utiliser contre les populations civiles, demandèrent donc à leurs amis du DRS de provoquer un climat de violence dans le Sahel et dans les pays limitrophes. Ils savaient bien que le DRS était parfaitement capable de ce genre de mission, puisqu’ils l’avaient déjà éprouvé dans des opérations internationales, dans le traitement et le retournement d’islamistes, dans leur enlèvement, leur transport, et jusqu’à leur torture ou leur discrète exécution, quelque part dans le Sahara. La sous traitance du DRS, dans la « lutte anti-terroriste » est un secret de polichinelle. Plusieurs hauts gradés américains, et y compris deux secrétaires d’Etat, ont publiquement salué l’ »efficacité » des « forces de sécurité » algériennes. Une efficacité et une compétence tout à fait remarquables, pour des techniques qui font appel à la gégène, à la tronçonneuse, et autres tenailles.

    Et c’est ainsi que le DRS, qui avait déjà infiltré très profondément le GSPC, jusqu’à sa plus haute hiérarchie, demanda à celui-ci de s’affilier à la Qaeda. Et c’est ainsi que le GSPC du DRS devint la Qaeda du Maghreb Islamique, avec la bénédiction du numéro 2 de la Qaeda de Ben Laden. Les pays du Maghreb et du Sahel allaient découvrir, en l’espace de quelques semaines, que ce GSPC agonisant, qui parvenait à peine à trouver de la nourriture et des abris de fortune, dont les émirs négociaient une reddition généralisée, était devenu une force militaire organisée, puissamment armée, dotée d’un budget qui lui permettait de rouler carrosse en plein désert, et de relancer sa politique de recrutement. La nouvelle Qaeda était devenue subitement d’une telle puissance, que même les chefs coutumiers touaregs, et les gros contrebandiers du Sahel, les groupes de pression les plus influents dans ces régions, venaient faire acte d’allégeance aux émirs.

    Néocons, généraux algériens, copains comme cochons…

    Avant cela, les choses ne traînaient pas. Les Américains avaient réussi à pénétrer au coeur du régime algérien, en y faisant nommer un de leurs agents les plus efficaces, comme Ministre de l’Energie, c’est à dire du Pétrole et du Gaz. Le fameux Chakib Khalil, dont on dit qu’il fut l’un des meilleurs assassins financiers de la CIA. Comble du cynisme, cet homme devint, non seulement Ministre du pétrole algérien, mais président de l’OPEP.
    Il faudrait toute une encyclopédie pour traiter de toutes les affaires où il avait mouillé, et qui se calculent en dizaines de milliards de dollars.
    Mais l’une des plus emblématiques de son action fut celle de la BRC. Un méga scandale qui fit étouffé, dans un consensus général, par tous les barons du régime, y compris par le Président de la République et les génraux les plus influents du régime. Parce que Chakib Khalil les avait tous mouillés. En centaines de millions de dollars. La BRC fut dissoute en violation de la loi, sans véritable audit.
    Entre autres affaires, toutes plus incroyables les unes que les autres, il y eut celle de la base américaine.
    Plusieurs généraux, dont deux principaux, parmi les plus terrifiants du régime, celui qui contrôlait le trafic de drogue à destination de l’Europe et l’un des plus grands criminels contre l’humanité, commis contre des populations civiles, avaient accepté de parrainer l’affaire. C’était le temps des affaires. En ces années 90, pendant que la mort s’abattait sur les populations, que le terrorisme faisait des ravages, jusqu’en France, et qu’il instaurait un climat de terreur indicible, les généraux, leurs clientèles et leurs parentèles, s’enrichissaient en milliards de dollars.
    Chacun d’eux avait son propre monopole. Qui celui du blé, qui celui du médicament, qui celui de la drogue, qui celui de l’armement et ainsi de suite, pour tout ce qui pouvait rapporter. La construction de cette base fut donc placée sous la protection de ces deux généraux majors.
    Dans la pratique, le terrain choisi soigneusement pour cette base, par les Américains eux-mêmes, se trouve dans le Sahara, au Tassili, au sud-est du pays, près des frontières de la Libye et du Niger, à quelques kilomètres d’un hameau qui porte le nom de Iherhir, au sud d’Illizi.
    Les travaux ont été confiés à la BRC. De grosses enveloppes ont été « remises » à plusieurs barons du régime, dont Chakib Khalil et nos deux généraux. Cet argent n’a pas été versé par les Américains, mais par la BRC, Brown Root & Condor (BRC, joint-venture entre Sonatrach et Haliburton, une société qui appartient à Dick Cheney, entre autres néocons du même cru)

    La BRC a sous traité la partie BTP de cette base à la société canadienne RSW – SCATT ».
    Un nombre impressionnant de troupes a été déployé autour du chantier, en plein désert. Nul ne pouvait approcher, à moins de 10 km du site. Mais les quelques informations qui nous sont parvenues, malgré tout, nous apprennent que la circonférence du mur d’enceinte de cette base est d’une dizaine de kilomètres. Plusieurs infrastructures y sont présentes, dont une piste d’atterrissage de 4000m, une piscine olympique d’une capacité d’accueil de 1000 personnes. C’est dire que ce n’est pas un petit cantonnement de fortune, destiné à accueillir une unité de l’armée.( Encore que, selon des informations dignes de foi, cette base a longtemps servi de base arrière à l’émir du GSPC, Abderazak el Para, qui se trouve en ce moment même en villégiature chez le DRS, alors que la justice algérienne, qui sait très bien où il se trouve, l’a condamné à une peine par contumace.)

    Des officiels algériens se vantent de construire une base américaine…

    En 2004, la firme RSW-Scatt a invité de hauts gradés algériens à visiter une de ses filiales, au Canada. Ces responsables avaient donné une courte interview au journal d’entreprise, et ils se sont laissés photographier. Ils ne pensaient pas que ce tout petit journal d’entreprise pouvait tomber entre les mains de l’opposition algérienne. Nous avons gardé leurs photos et leurs déclarations.
    Voici un extrait de cet article:
    « Une délégation d’Algérie a effectué un court séjour à Eastmain les 18 et 19 mai dernier. Le commandant de la base aérienne de Tamanrasset, Yazid Zeraïbi, le commandant Ahmed Mouhamou, du ministèrede la Défense, et Pierre Demers, ing., directeur de projet à la firme RSWScatt, souhaitaient visiter nos infrastructures pour en savoir davantage sur ce qui se fait chez nous.Mentionnons que l’Algérie est à construire un campement à la base militaire de Tamanrasset, campement qui pourra accueillir 2 000 personnes. (l’article sur la délégation algérienne sur la photo de gauche)-Le commandant de la base aérienne de Tamanrasset, Yazid Zeraïbi, le commandant Ahmed Mouhamou, du ministère de la Défense, et Pierre Demers, ing., directeur de projet à la firme RSW-Scatt ont fait partie de la délégation en visite au chantier. »

    Il faut juste préciser que « le campement à la base militaire de Tamanrasset » dont il est question était la façade officielle du projet de « IHERHIR »
    La base de Iherhir fut démolie après le scandale BRC. Le régime algérien comprit qu’il était temps de mettre fin à un conflit de clans qui risquait de l’emporter corps et biens. Il comprit, en effet, que si le peuple algérien était informé de tous les aspects de ce scandale, y compris cette affaire de haute trahison qu’était la construction de cette base secrète, cela pourrait aboutir à un situation qu’il ne pourraait plus contrôler. De plus, les choses commençaient à changer aux USA, et les forces néocons avaient effectué un repli stratégique sur certaines de leurs stratégies. L’arrivée de Obama au pouvoir, même si elle n’induisait pas de changements aussi radicaux qu’on pourrait le penser, avait néanmoins sonné le glas pour les plus ultra, et les plus visibles, qui dirigeaient une politique maghébine et sahélienne de la Qaeda. C’est cela qui décida probablement le régime à démolir cette base, du moins à la démanteler. C’est cela qui inversa aussi un certain rapport de forces au sein du régime, et qui déboucha sur la mise à la retraite du général M.Lamari et au limogeage de Chakib Khalil. Entre autres bouleversements souterrains.

    Et pour mieux en convaincre ceux qui resteraient un tant soit peu sceptiques, voici une localisation satellitaire qui nous a été aimablement transmise par un ami. Vous pourrez zommer au plus près. Vous verrez des infrastructures consédérables, que rien ne justifie dans ce coin perdu du Tassili, une route de plusieurs kilomètres, qui ne mène nulle part, si ce n’est à cette base. Vous y verrez aussi les restes de qui ressemble à une piste d’atterrissage, dont on croit reconnaître les contours.
    Voici la géolocalisation, il suffit de cliquer dessus, et d’aller y faire un tour: BASE AMERICAINE