La campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2012 en France promet d’être chaude et riche en chausse-trapes et autres coups tordus. Officiellement, la campagne n’a pas démarré mais on sort déjà les couteaux de leurs fourreaux pour déstabiliser l’adversaire et déblayer le terrain dans une course qui s’annonce ardue aussi bien entre candidats potentiels d’un même courant politique qu’entre les candidats de la majorité présidentielle et de l’opposition. Dominique Strauss-Kahn, l’ancien patron du FMI et candidat socialiste le mieux placé, selon les sondages, face au candidat du pouvoir, Sarkozy, avant sa descente aux enfers suite au scandale de mœurs dans lequel il était impliqué, l’a payé de sa carrière politique pour n’avoir pas assimilé les fondamentaux de la compétition politique qui sont impitoyables en démocratie.
L’encre du dossier judiciaire de l’affaire DSK n’a pas encore séché qu’un autre tsunami balaie la classe politique française, atteignant cette fois-ci des camps retranchés de la droite. Le moindre faux pas se paie cash. Un coup de barre à gauche, un autre à droite. En attendant de tailler des croupières aux candidats du centre, chose qui ne devrait pas tarder à arriver quand on voit l’activisme actuel dérangeant pour le clan Sarkozy du binôme Jean-Louis Borloo et Hervé Morin. Deux anciens ministres du gouvernement Fillon, jetés comme des kleenex par Sarkozy, tiennent à prendre leur revanche sur l’homme en tentant de revenir à la vie politique par la grande porte. L’ancien président Jacques Chirac, qui n’en a pas fini avec ses démêlés avec la justice française concernant l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, est de nouveau cité dans une affaire de corruption, aux côtés de son ancien Premier ministre Dominique Villepin.
Les deux hommes, qui n’ont jamais fait partie du cercle restreint des amis du président Sarkozy, aujourd’hui encore plus qu’hier alors qu’une échéance électorale pointe à l’horizon, même s’ils se revendiquent de la même famille politique de la droite, sont accusés par Robert Bourgi, un avocat, conseiller de Sarkozy qui avait travaillé auparavant dans le cabinet du gouvernement de Villepin, d’avoir reçu des mallettes d’argent de présidents africains. Hier, c’était Jean-Marie Le Pen du Front national qui est accusé d’avoir reçu de l’argent à travers le même circuit.
C’est une tradition dans la vie politique française : pour écarter un candidat trop gênant ou pour se venger d’un Exécutif sortant avec lequel la nouvelle équipe au pouvoir n’était pas en odeur de sainteté, l’Elysée qui détient tous les dossiers pour avoir sous sa coupe le puissant instrument des renseignements généraux comme cela s’est vérifié sous tous les gouvernements, de gauche comme de droite, avec les affaires des écoutes téléphoniques, s’est toujours, avec l’ appareil judiciaire, mis au service du président sortant engagé dans la course électorale pour un second mandat. Quant à «la République des mallettes», pour reprendre le titre d’un ouvrage de Pierre Péant, elle fait partie des mœurs et du jeu politique, même dans les pays démocratiques. Que dire alors des pays du Sud où l’argent de l’Etat est tout bonnement privatisé !