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trésor public

  • L’opinion nationale algérienne, cinquante ans après l'indépendance

     

    Par Le Matin DZ |

     

     

     

    "L’homme doit d’abord se nourrir, se désaltérer, se loger, se vêtir et ensuite seulement, il peut participer à des activités politiques, scientifiques, artistiques ou religieuses" Zhang Xianliang

     

    Cette fois-ci, pour cette consultation, la énième rengaine à toutes les fausses espérances réunies depuis l’escamotage des libertés réappropriées à l’indépendance, finalement, tous les indicateurs psychologiques et matériels démontrent que désormais tout ce qui est proposé par les classes au pouvoir ne concerne, d’une manière ou d’une autre, aucunement l’intérêt des populations. Car tous les Algériens conscients, désormais riches de toute l’expérience des citoyens qui, à divers degrés de gravité volontaires ou inconscients, ont fait coucher la nation entière dans les soues en tirant des profits de personnes et de groupes, n’ignorent pas que les élections programmées pour mai prochain s’adressent plutôt à la communauté internationale dont le dividende autour de la valeur de notre pays exige de "nos" responsables une soumission aux schémas économiques tressés pour le bien être de l’Europe avant tout.

     

    Les Algériens ne voteront plus pour de pseudo partis

     

    Les contribuables, surtout les salariés qui n’ont aucun moyen de frauder le fisc afin de diminuer la pression du coût de la vie sur leurs familles, les chômeurs et les réduits au trabendisme de survie, les rentiers des misérables pensions de vieillesse, les étudiants que l’Etat aide à raison de moins de quatorze euros par mois, les centaines de milliers de couples de conjoints sans ressource avec des enfants scolarisés, les innombrables familles dans les rue, enfin, ces gens de cette Algérie-là qu’aucun système ni discours ne peut aujourd’hui occulter, il est quasi impossible dorénavant d’escompter leur participation au sein de fumisteries de gouvernance dont ils ne peuvent devenir que les pauvres conséquences acculées dans le total désarrois.

     

    Au sujet du FLN, du RND et des islamistes récupérés dans la morbide concoction militaro-présidentielle pour une concorde civile reniant le droit des citoyens à faire juger des milliers de criminels, les populations savent à quoi s’en tenir lorsqu’elles ont vu et entendu comment les élus de ces pseudo formations politiques qui ont sans rougir tenté de brader Sonatrach au même moment qu’ils se sont accordé des indemnités princières en plénière à huis clos, l’argument de la méfiance est radicalement arrêté : les "militants" de Belkhadem, d’Ouyahia et de Soltani ont eu suffisamment de temps et d’outils, surtout à l’avènement de Abdelaziz Bouteflika, pour prouver aux Algériens qu’ils ne se soucient que de leurs faveurs en commissions dans l’Etat et en résultats lucratifs. Au service d’un pouvoir inamovible, ils sont ministre de quelque chose aujourd’hui, puis ministre encore dans un domaine complètement différent le lendemain. Pour ces êtres de la spéculations sur le faux et le subterfuge, vivre en tant que citoyen en Algérie, c’est exister au moins comme chef, capable d’enrichir et d’appauvrir. De prodiguer du prestige ou de donner le mépris.

     

    Des richesses utopiques

     

    Allez demander aux cadres "résidents" dans les ministères - ces techniciens de l’administration et de la gestion – combien de maladies chroniques ils ont dû cultiver dans le va-et-vient des ministres sans compétence et sans savoir-faire, à qui il arrive de diriger par un idée vague tractée à partir d’une réunion de famille enregistrée sur papier comme conseil des ministres ou de gouvernement. Ou sur la base d’intuitions approximatives supposées contenter une feuille de route discursive ahanée par le chef d’Etat dans les médias.

     

    Depuis cinquante ans les hommes au pouvoir disent que l’Algérie est riche, sans ajouter qu’elle ne possède pas de minerais nobles, de capacités industrieuses viables, de relations de bon sens dans les échanges agro pastoraux où le lait, les viandes et les semences maraîchères, croisent allégrement les hydrocarbures dans les déplacement maritimes, sans préciser que l’école publique est incapable de mettre sur les rails un être humain adulte apte à se reconnaître dans un monde où il se sent utile pour une cause partagée par l’ensemble de ses contemporains, enfin, sans expliquer que la famille n’est pas unie dans le sens où les familles du monde entier regardent au moins la télévision de leur pays en comprenant le langage qui s’y dit. L’Algérien écoute le journal télévisé en arabe littéraire qui n’est parlé dans aucun recoin du monde arabe, encore moins en Algérie mais le film est doublé en français et le feuilleton turc en libanais ou en marocain.

     

    Oui, on lui dit que son pays est riche pour qu’il continue à rêver qu’un jour son tour de manne arrivera. Qu’il aura sa part en bonne et due forme comme l’ont eue les enfants de dirigeant et alliés d’affaires partis étudier dans les universités les plus chères de la planète. Et revenus occuper des fonctions de villégiature au lieu de concourir à aider leur concitoyens, laissés pour leur compte au pays, pour au moins manger à leur faim en se chauffant assez correctement en hiver.

     

    Une opposition formelle complice

     

    Or le citoyen trempé dans les bain insalubres des gouvernances perfides, imbéciles ettraîtresses, il sait que s’il joue le jeu de l’élection de mai, c’est toute cette furie de l’incurie qui va encore une fois s’accaparer de sa destinée et de celle de ses enfants et proches incapables de se défendre. Voter pour des individus qui n’attendront pas la deuxième coupe de champagne avant de se profiler des connivences antipopulaires pour fortifier la domination des castes les ayant recrutés, c’est plus que de rester neutre devant ce néocolonialisme intestin, aller tête baissée dans le désastre définitif.

     

    Les partis de l’opposition ? D’abord lesquels pour voir comment essayer de les situer par rapport à un combat authentique contre le statut quo d’un régime qui s’estime en mesure de survivre au détriment de toutes les forces nouvelles qu’il n’hésite pas à noyer dans des urgences "nationales" qu’il est le seul à désigner pour dire qu’il en connaît les remèdes. Les partis de l’opposition sont des partis qui contestent un programme adopté par une majorité votée. Ceux qui contestent au sein du gouvernement et de l’Assemblée ne peuvent pas être considérés comme des opposants parce qu’ils acceptent de jouer le jeu du régime, foncièrement fraudeur et usurpateur, qui se donne l’exclusivité de contrôler les patrimoines du pays et qui rémunère qui il décide de rémunérer dont paradoxalement les partis qui s’affichent agissant contre lui.

     

    Le régime de la peur

     

    La logique de la force imposée depuis les armées des frontières est en train de se casser la gueule. Des généraux issus de ses rangs sont aujourd’hui traînés dans la boue. Les « politiques » qui se sont épanouis dans leur giron ne sont pas respectés. Si l’on s’en accoquine ce n’est pas pour partager leurs convictions mais dans le but de glaner des avantages grâce à leur main mise sur les patrimoines.

     

    La franchise est que jamais l’Algérie n’a été dirigée sans la hantise des armes et la crainte de la casquette. Le citoyen a eu tout le temps peur dans son pays malgré la misère et la privation des libertés. Mis à part dans la "guerre des sables" au tout début de l’indépendance, puis en 1967 et en 1973 contre les Israéliens dans le Sinaï et durant les deux "Amgala" en 1976, tous les tirs à balles réelles sur cibles humaines ont été dirigés contre les populations algériennes.

     

    Mais attention, les filiales générationnelles ne sont jamais agencées, ordonnées, selon des schémas de psychologie figés. Chaque génération interprète et réagit à des situations précises à sa manière propre. La génération de Messali Hadj diffère de celle de Didouche Mourad ou de Ali la Pointe. Comme celle de Belkhadem et d’Ouyahia n’ayant rien à voir avec celle qu’ils condamnent pour tentative d’exil périlleux. Parce qu’ils font tout, avec l’appui de Ziari et de Bensalah, pour les dégoûter de leur pays. Quand un grand saboteur de Sonatrach purge une année de prison et un revendeur de cinq grammes de cannabis à quatre. Du côté de Tébessa qui s’est peut-être démarquée de l’Etat algérien, c’est carrément la peine capitale.

     

    Un pouvoir sans Etat

     

    Oui, l’Etat. Que fait-il donc pour faire sortir le pays du ghetto dans lequel une succession de bandes d’inconséquents l’a acheminé ? Comment compte-il s’y prendre pour que la nation ne fasse pas la sourde oreille à toute idée de vote dans n’importe quelle instance consultative ? Quitte à se faire accompagnée par un débrayage général jusqu’à ce point de non retour où tous les incapables qui gouvernent, honnêtes ou propres – le problème n’est désormais plus sur cette considération – se doivent au plus vite de démissionner. Un deuxième République, pensent les puristes encore accrochés à la pensée parisienne qui comptabilise l’évolution de la France au nombre de césures dans le développement républicain au lieu de la marche de la science et de la technologie qui fait la grandeur de ce pays où des Algériens de souche conseillent l’Elysée. C’est plutôt d’un Etat dont a besoin en réalité l’Algérie.

     

    Un Etat qui commence par une famille désangoissée, qui ne confondra plus les fêtes et les sacrifices. Qui ne permettra plus à des va nus pieds de zaouïa de la mouler dans un code nourri d’obsession sexualiste et de machisme d’apparat. Une famille qui enverra ses enfants dans une école décidée par les parents, peut-être conseillés par des savants mais selon ce qu’ils veulent que leurs progénitures apprennent et assimilent au moyen de langues qu’ils envisagent. Un Etat ne décide pas de la langue du pays qu’il représente, au contraire il est tenu de prendre en charge et de glorifier les langues admises dans ce pays. Lorsque Bouteflika a presque hurlé dans la patrie d’El Mokrani devant des milliers de Kabyles médusés que l’amazighe ne serait jamais une langue officielle en Algérie, toute la population algérienne a compris qu’il n’était pas venu au pouvoir pour le bien de son pays - ce qui est plus grave encore, ce sont tous les grands commis qui gravitaient autour de lui qui parlent amazighe en famille et avec les amis et qui n’ont démissionné le jour même.

     

    Et tout ce qu’il a émané de son administration ensuite, en quelques années, est venu confirmer cette supposition.

     

    En bref, il a réussi le prodige de faire emmagasiner au Trésor public une somme de devises fortes jamais imaginée en cinquante ans d’existence et en même temps une marge de paupérisation unique dans l’histoire de l’Algérie indépendante. Le travailleur est misérable, le couple salarié finit mal le mois et le chômeur mendie, trafique ou vole.

     

    Les Algériens s’en fichent que leur Etat symbolise une république, un parlement ou un royaume. Ça ne gêne personne qu’un monarque patriote crée une émulsion démocratique où tout le monde travaille, loge, se soigne bien, éduque dans le bon sens ses enfants et n’enterre pas ses morts dans des ravins enclavés. Pour la défense du pays maintenant il s’agit de passer à un radical changement de point de vue ; passé le demi siècle de soumission il faut que dorénavant ce soit les populations qui contrôlent l’Armée.

     

    Nadir Bacha