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Sous le ciel d’Algérie, les scandales s’amoncellent. Et pendant que s’allonge cette chronique du scabreux, le chef de l’Etat, premier magistrat du pays, ne juge pas nécessaire, ou sinon opportun, de s’exprimer.
Sofiane Aït-Iflis - Alger (Le Soir) - Faut-il chercher quelques éloquences dans ce silence ? Ailleurs, sous d’autres cieux, l’ampleur des scandales révélés aurait immanquablement incité à la réaction des plus hautes autorités politiques. Car, ces grosses affaires de «tchipa» et de détournements sont loin d’être des faits divers sur lesquels il n’importe pas de s’attarder. Outre les préjudices incalculables qu’elles occasionnent à l’économie nationale, elles posent, en filigrane, le problème de la qualité de la gouvernance. C’est aussi à l’aune de la probité économique que se jauge la bonne gouvernance. Le président Bouteflika, qui, dans le discours, passe pour être le chantre de la lutte contre la corruption, devait ressentir l’éclatement au grand jour des scandales successifs comme autant d’invitation à l’expression publique. A plus forte raison, lorsque l’on n’ignore pas que sur les grands projets qu’il a lui-même définis et mis sur la rampe de lancement que ces scandales se sont greffés, à l’instar du chantier de l’autoroute Est-Ouest. Il est vrai que la justice s’en est saisie de ces lourds dossiers et les instruit mais cela n’empêche pas la réaction politique officielle face à cette germination de la rapine. Que le Premier ministre Ahmed Ouyahia estime que les responsabilités politiques restent non engagées tant que la justice n’aura pas statué sur la culpabilité des mis en cause dans ces affaires qui meublent l’actualité nationale n’y change rien. La remarque à propos du silence du président vaut toujours d’être faite. Comme il importe aussi de relever que le chef de l’Etat ne met plus le même entrain qu’auparavant à sortir sur le terrain. Il ne s’affiche plus dans la même disponibilité à enchaîner comme autrefois des visites de travail et d’inspection. Des visites, on s’en souvient, qui lui faisaient sillonner le territoire national, d’est en ouest et du nord au sud. C’est à le croire lassé de telles pérégrinations. A moins qu’il ne jugerait pas utile d’en accomplir alors que nulle échéance électorale ne le bouscule. La dernière visite d’inspection que le président Bouteflika a effectuée, c’était au début novembre 2009 à Sétif où il avait inauguré officiellement l’année universitaire et, à l’occasion, inspecté quelques chantiers. Depuis, il est vrai, il y a eu la fièvre du football avec les deux expéditions des Verts au Caire et à Khartoum face au frère-ennemi égyptien. Le président de la République s’est impliqué dans la gestion directe, notamment de l’expédition de Khartoum où il ordonna les facilitations que l’on sait pour le déplacement des milliers de supporters. Cependant, il a fallu attendre le retour victorieux des Verts d’Omdourman pour le voir accomplir une activité publique, soit organiser une réception en l’honneur des joueurs et du staff technique. Sinon, on lui lira quelques communiqués comme celui dans lequel il informait que l’Etat prenait en charge les soins et séjours médicaux du gardien de l’équipe nationale Lounès Gaouaoui qui s’est fait opérer d’une appendicite en France, au début de la CAN. Il a eu aussi à présider, au moment où tous les regards étaient braqués sur le safari des Verts en Angola, la cérémonie de signature de la loi de finances 2010. En revanche, il a manqué d’être assidu quant à réunir le Conseil des ministres. Par ailleurs, il ne consentira aucun propos, ni aucune ligne à propos des scandales qui agitent la sphère économique. Ceci alors qu’il s’apprête à lancer son nouveau plan quinquennal doté d’une enveloppe de 150 milliards de dollars.
S. A. I.