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retrospective analytico_politique de l'algerie

 

Depuis l'installation de Bouteflika au palais d'El Mouradia, en Avril 1999, notre pays, qui était, il est vrai, isolé et peu fréquenté à cause de la tragédie qu'il vivait en raison de la lutte fratricide sanglante pour le pouvoir, qui s'y déroulait à huis clos, n'a cessé de collectionner les échecs diplomatiques.

De plus en plus en déphasage avec la réalité du monde d'aujourd'hui, dont ils ignorent les clés d'entrée majeures, Bouteflika, ses "hommes d'Etat", ses Conseiller Diplomatique et Ambassadeurs "chevronnés", octogénaires et septuagénaires, interprètent les tendances fortes des relations internationales à travers leur grille de lecture désuette.

Autistes et cupides, les « Papis » se trompent d’époque et font de la résistance passive à tout ce qui qu'ils estiment contraire à leurs intérêts personnels.

Même leur légitimité préhistorique ne peut plus cacher leurs multiples déficiences criardes.

Ils commettent fatalement erreur sur erreur.

En voici quelques unes :

1- Afrique


Sahara Occidental : l'avance du Maroc

Grâce au rajeunissement de sa classe politique, à la modernisation de son appareil diplomatique et à l'assistance "technique" des pays amis et alliés, auxquels la monarchie alaouite reste fidèle, dévouée et reconnaissante et sans avoir les moyens financiers et humains de l'Algérie, le Maroc a enregistré, ces dernières années, des points positifs auprès de plusieurs pays africains notamment, qui ont retiré leur reconnaissance à la République Arabe Sahraouie Démocratique et auprès des puissances occidentales, qui soutiennent aujourd'hui activement son "Plan pour une large autonomie du Sahara Occidental".

Notre Diplomatie, enferrée dans des "principes" archaïques et minée par la bureaucratie, le régionalisme et le clientélisme, s'accroche désespérément au "Plan Baker" que les Etats Unis eux-mêmes jugent dépassé.

" C'est une chèvre, même si elle s'est envolée ".

Bouteflika pourrait toujours rétorquer, à juste titre, que ce sont des Chaouis et des Kabyles qui gèrent ce dossier au MAE et à New York.

Hasard ou nécessité ?


Médiations : charité bien ordonnée commence par soi même

Malgré le tapage médiatique qui les a entourées, les médiations entreprises par notre pays entre l’Ethiopie et l’Erythrée et entre le Gouvernement malien et les rebelles Touaregs, sont dans l’impasse ou battent de l'aile.

C'est la Libye qui en tire avantage, sur le plan diplomatique.

Pour pouvoir assurer une médiation crédible et durable entre les autres, qui seront inévitablement appelés à faire des concessions mutuelles, il faut d’abord avoir le courage et la probité morale de demander pardon à son propre peuple pour les dénis, abus et drames dont il a été victime depuis 1962.

S’il cherche donc réellement l’intérêt du pays, comme il ne cesse de le déclarer, sans vraiment convaincre, le Président Bouteflika, qui est un des géniteurs du système imposé au pays en 1962 par le Clan d’Oujda, devrait faire ce mea culpa.

Ce geste, honorable et hautement symbolique, lui vaudra aux yeux des Algériens et de la postérité tous les mandats et Prix Nobel du monde.

Mais est-il capable de résister à ses pulsions égocentriques et aux pressions du clan ?

Avant d' être crédible à l’étranger, il faut d'abord l’être chez soi.


NEPAD

A part la photo-souvenir que la rencontre annuelle G8-NEPAD permet à Bouteflika de prendre avec les dirigeants des nations les plus puissantes du monde et de la Russie, le NEPAD, qui va être "restitué" à l'Union Africaine, n'a engendré que des obligations sonnantes et trébuchantes pour notre pays.


2- Accord d'Association avec l'Union Européenne : la navigation à vue

Pour l'instant, notre pays ne subit que les effets négatifs et les contraintes de cet Accord.

En effet, contrairement à ses voisins de l'Est et de l'Ouest, l'Algérie n'a profité ni des fonds MEDA ni de la mise à niveau de ses entreprises.

Au contraire, la production nationale hors hydrocarbures, déjà insignifiante, est à l'agonie à cause de la suppression des barrières douanières qui la protégeaient relativement contre la concurrence déloyale des produits étrangers.

En outre, l'Union Européenne veut nous forcer, en vertu de cet Accord, à signer avec elle un accord stratégique en matière d'énergie pour garantir sa sécurité énergétique et reste sourde à nos demandes répétées pour l'établissement d'une meilleure circulation des personnes entre les deux rives de la Méditerranée.

Elle cherche, en quelque sorte, à faire des pays du Maghreb des camps de concentration pour l'immigration clandestine en provenance d'Asie et d'Afrique sub-saharienne.

L'émigration algérienne en France a même perdu le statut spécifique dont elle jouissait jusqu'à la signature de l'Accord d'Association, en 2002.



3-Pays Arabes : Promesses, promesses...

Malgré tous les sacrifices consentis par notre pays pour les différentes causes arabes, jamais les pays "frères" de la Ligue Arabe, ne nous ont appuyé sur la question du Sahara Occidental ni n'avaient condamné le terrorisme islamiste.

Pire, de l'Egypte à l'Arabie Séoudite, ils ont toujours soutenu activement le Maroc et les groupes terroristes islamistes, jusqu'à récemment encore, ouvertement incités et financés par cette dernière.

Pour casser le mythe cultivé par les baathistes, M. Daho Ould Kablia, Président de l'Association des anciens du MALG, vient de révéler que les pays arabes s'étaient, dans leur grande majorité, abstenus d'apporter la moindre aide et assistance financière, diplomatique et encore moins militaire à la Révolution algérienne.

Bien au contraire, certains pays "frères" comme la Tunisie, le Maroc ou l'Egypte se sont sucrés sur son dos en prélevant un quota important sur les armes acquises par le GPRA et destinées à l'ALN

A l'exception donc de la corruption, dont les noms des "grands" bénéficiaires commencent à être sussurés ici et là, rien, absolument rien n'explique les concessions juteuses qui ont été ou qui vont être octroyées à certaines compagnies des pays "frères".


4- Pays occidentaux :


Etats Unis d'Amérique : la valse-hésitation

A cause des contradictions du gouvernement algérien sur les questions de l'Africom, de l'Irak et de l'Iran notamment, les Etats Unis d'Amérique, qui ont entamé avec nous une coopération prometteuse en matière de lutte contre le terrorisme, qui devait s'étendre à d'autres domaines stratégiques, semblent s'éloigner de plus en plus de notre pays et opter, après une période d'hésitation, pour le renforcement de leurs relations stratégiques avec le Maroc, considéré comme un allié traditionnel plus fiable, qu'ils soutiennent fermement dans la question du Sahara Occidental.

En effet, non seulement notre gouvernement n'adhère pas aux thèses américaines sur ces questions et d'autres mais il les dénonce activement dans les fora régionaux et internationaux.

C'est la meilleure manière de pousser cette hyperpuissance dans les bras du Maroc.

C'est peut être l'objectif recherché par certains ?


France et Union Pour la Méditerranée


France

Repentance: le grand gâchis

Avec la France, l'affaire de la "Repentance", que Bouteflika et Belkhadem voulaient utiliser à des fins politiciennes, s'est lamentablement retournée contre eux et, à cause de leur comportement infantile, notre pays se retrouve, aujourd'hui, dans une position plus que précaire concernant une question majeure des relations algéro-françaises.

Les meilleurs alliés de la France n'auraient pas mieux fait pour elle sur cette question.

Selon le Colonel Khatib, qui connait bien les deux hommes, ni Bouteflika ni Belkhadem n'avaient le profil ni le droit d'aborder la question de la repentance avec le Gouvernement français d'une manière aussi légère et quasi-irresponsable.

Union Pour la Méditerranée : le nécessaire réalisme


Par ailleurs, les manoeuvres visant à un isolement régional de notre pays se sont accentuées avec le projet de l'Union Pour la Méditérranée.

Il vaut mieux donc être parmi les premiers adhérents à cette organisation pour pouvoir défendre nos intérêts en son sein et ne pas être marginalisé dans la région.

Les réticences et la méfiance exagérées, héritées de la "diplomatie des maquis", l'absence de vision claire et l'hésitation maladive se payent cher en politique et en diplomatie.

La valse-hésitation constatée au sujet de notre adhésion à la Politique Européenne de Voisinage en témoigne largement.

En tout état de cause, la "Diplomatie Attentiste" adoptée, ces dernières années par le gouvernement algérien a considérablement porté préjudice au pays car il se contente de réagir mollement et souvent confusément aux initiatives et mutations sous-régionales, régionales et internationales, qui le concernent pourtant directement, au lieu d'agir sur elles, de manière constructive, pour en tirer profit.


5- Chine et Russie :

Elles cherchent uniquement leurs intérêts.

Connaissons-nous vraiment les nôtres ?



6- Organisation Mondiale du Commerce : l'occasion manquée


A cause d'une mauvaise évaluation par le Gouvernement SIFI, qui avait conseillé, en 1994, au Président Zéroual de ne pas signer l'Acte de Marrakech portant création de l'Organisation Mondiale du Commerce, notre pays a raté, une fois encore, l'occasion d'entrer par la grande porte dans cette Organisation.

Aujourd'hui, pour y être admise par la petite porte, l'Algérie doit faire d'énormes concessions qui la dépouillent pratiquement de pans entiers de sa souverainté économique.

Il ne faut donc surtout pas croire Chakib Khelil lorsqu'il dit que le gouvernement algérien ne va pas augmenter le prix du gaz domestique car cette exigence, qui émane de nos partenaires à l'OMC, sera tôt ou tard satisfaite, comme toutes les autres conditions.


Ces échecs symptomatiques montrent, s'il en est besoin, les limites atteintes par une diplomatie bureaucratisée, accaparée par une seule personne et livrée à ses humeurs changeantes.

Le miracle promis en 1999 n'a pas eu lieu. Dix ans après, la désillusion et la déception sont grandes.

Des observateurs avertis et neutres avaient pourtant tiré la sonnette d'alarme sur la démarche archaique empruntée par le Président Bouteflika "pour redonner à l'Algérie sa place dans le concert des nations", en signalant avec force arguments, que les "shows" diplomatiques présidentiels relevaient beaucoup plus du folklore que de l'analyse et de l'action mûrement réfléchie.

A cause de l'autisme et de l'improvisation de ses dirigeants, notre pays renoue avec l'isolement.

En sont-ils, au moins, conscients ?

Que faire donc pour sauver d'urgence une Diplomatie visiblement en panne d'imagination et à la dérive, qui a perdu la capacité d'initiative et d'action qu'elle avait jadis ?


Amine Benrabah



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