Comment Bouteflika a fait piller l’Algérie : 2.Une loi pour légaliser la corruption et le pillage
Comment Bouteflika a fait piller l’Algérie : 2.Une loi pour légaliser la corruption et le pillage du pays
Lorsque Bouteflika fait appel à Chekib Khellil pour diriger l’Energie, il fait appel à un cadre de la Banque Mondiale qui malgré 25 ans de service au sein de cette institution ne fait même pas partie du top management. Et pour cause, c’est un simple directeur de projet comme elle en possède des centaines. On ne lui connaît ni ouvrage reflétant son expérience de 25 ans sur la stratégie de développement des pays émergents, ni articles de référence dans les prestigieux journaux américains par exemple (puisque le siège de la Banque Mondiale est situé à Washington DC), ni même une reconnaissance académique qui lui vaille des invitations – à l’instar de tous les grands directeurs de la BM - dans les prestigieux forums ou universités, de par le monde, qui s’intéressent aux problématiques de développement.
Il n’apportera donc stricto-senso aucune valeur ajoutée à l’Algérie.
Mais si Bouteflika fait appel à lui et le maintient 10ans durant au même poste, ce n’est sûrement pas pour ses compétences. Ce critère n`est pas – loin s`en faut – sa préoccupation, comme le montrent les CV de sa `dream team`: Khellil, Temmar, Benachenhou, Medelci, Terbeche, Djoudi, etc`. Le Ministère de l’Energie n`a-t-il pas toujours été ‘une planque dorée’: le moins exposé aux résultats car poussé par les deux moteurs que sont Sonatrach et Sonelgaz?
Mais, au-delà de sa loi sur les hydrocarbures, Chekib Khellil apporte avec lui – tout de même – une expertise dont la Banque Mondiale en est le creuset: l’art de la corruption légale. Car faut-il le préciser, selon son précédent Président Paul Wolfowitz : ‘Le temple planétaire de la corruption légale a pour quartiers généraux: la Banque Mondiale’. Chekib Khellil va donc mettre en œuvre en Algérie la fameuse ‘clause d’urgence’ qu’il généralise dans tous les appels d’offres. Cette clause va constituer la colonne vertébrale et l’ossature du pillage du pays et la neutralisation voire l’asservissement de toutes les instances civiles et militaires du pays par Bouteflika. Portée par des travaux d’infrastructures, opportunément pharaoniques , en particulier pour Sonatrach, Sonelgaz, les télécoms et le BTP, la clause d’urgence devient l’eldorado pour tous les experts de la surfacturation.
Quand des journalistes l’interrogent sur l’extrême abus constaté dans l’utilisation de cette clause, appliquée en permanence, Chekib Khellil répondit – rapporté par le Soir d’Algérie - à la marge : ‘le Ministère de la Défense l’utilise tous les jours !’. Hors sujet ? Non, il y a un message subliminal dans cette réponse : ‘si vous sous-entendez que la clause d’urgence est un moyen de détournement de sommes colossales pour le clan de Bouteflika, sachez que les militaires s’en donnent à cœur joie aussi’! La réponse est une menace directe proférée à toute personne ou entité mal intentionnée !! Elle est d`ailleurs dans le même esprit que l’histoire du pot de miel de Bouteflika et dévoile le piège dans lequel il a voulu enfermer tous ses adversaires.
Grâce à la clause d’urgence, Bouteflika trouve le moyen de ‘démocratiser’ le pillage de l’Algérie en prenant soin de ‘mouiller’ tout le monde, chacun à son niveau : ministres, généraux, cadres, fonctionnaires, ouvriers, etc. Toute personne évoluant à côté d’un pot de miel est ‘invitée’ tacitement à y tremper les doigts et pour les plus futés : les mains ! C’est à peine s’il ne théorise pas son approche envers les décideurs traditionnels : ‘pour que le peuple ne vous répète plus ‘min ayna jak hada’ en vogue dans les années 70/80/90, facilitez lui ‘l’accès au vol’ avec pour chacun sa quote-part en fonction de ses responsabilités et de ses capacités. Vous, moi et mon clan prélèverons nos 5 à 10% sur les contrats mirifiques à plusieurs milliards dollars que nous nous chargerons de lancer vite, massivement et continuellement, sous le prétexte que l’Algérie a un retard à rattraper ‘en tout’.
Et les gueux qui constituent ce petit peuple le feront aussi à leurs niveaux, sans retenue et sans merci, ne vous inquiétez pas ! Et personne ne sera puni ou très peu. De temps en temps nous mettrons en prison quelque PDG – comme ceux de la BADR ou d`Algerie Telecom – pour montrer qu`on a le sens de l`Etat mais que nous nous empresserons d`acquitter. Le procès Khalifa n’a-t-il pas révélé que de ‘hardis entrepreneurs’ s’associent avec des israéliens pour gagner douteusement des contrats en Algérie et transférer ensuite leurs revenus en France ? A-t-on cherché à enquêter? Que non ! Amar Saidani, ancien Président de l’APN – monument de la démocratie populaire (!) - architecte d’un détournement de plusieurs dizaines de milliards est-il été inquiété ? Absolument pas. C’est normal. Dans la logique de Bouteflika, s`attaquer aux malversations des ‘grosses pointures’ du système c’est se tirer une balle dans chacun de ses pieds. Leurs méfaits ne sont-ils pas le résultat logique de ses calculs ?
Ainsi le prix du pétrole aidant, Bouteflika se prend à considérer qu’il peut tout acheter : les projets, les consciences nationales et internationales, de furtifs et futiles rendez-vous (Eva Joly, Steve Balmer (???), Jean Pierre Elkabach, etc..) et même, croit-il, les performances des athlètes. Ne leur promet-il pas des récompenses mirobolantes s’ils décrochaient des médailles aux JO de Pékin? Exactement ce que fait Omar Bongo depuis 25 ans : une fortune à vie pour toute médaille rapportée.
Dans ce pays corrompu jusqu’à l’os, l’heureux gagnant n’a pas encore pointé à l’horizon et le peuple gabonais n’a pas fini d’attendre que son drapeau se hisse dans une enceinte olympique. Quant aux athlètes algériens, ils ont réussi – sans l’argent de Bouteflika – à devenir champions olympiques et champions du monde (à l’image de Boulmarka et de Morcelli) en pleine décennie noire, sans avoir d’autre idéal que celui de leur pays.
Ce qu' ignore Bouteflika, pour qui le destin a toujours servi des plats préparés – à l’image de ces collégiens qui passent de classe en classe grâce au copiage et au piston, donnant l’illusion qu’ils sont de bons élèves, jusqu’au jour où le baccalauréat les bloque à jamais - la performance est le résultat d’un travail sérieux, de l’abnégation et de la lucidité. En sport comme en politique.
Comment s’étonner alors que face à cette corruption, sciemment instituée comme une méthode de gestion politique, aucune entreprise internationale ne fasse bénéficier l’Algérie des innombrables délocalisations qu’elles opèrent à tout crin ?
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Sofiane-LE MATIN