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Recomposition de la carte politique : Les dés sont jetés


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Quel avenir pour le multipartisme en Algérie ? La question est plus que jamais d’actualité quand on voit le battage médiatique fait par les médias lourds et principalement la télévision autour de la tenue du congrès du Fln. Rompant avec les précédents congrès où le Fln, en perte de vitesse et de légitimité, avait plutôt fait dans la sobriété quant à l’organisation de ses assises, adoptant même un profil bas lorsqu’il s’était retrouvé au creux de la vague, le plus vieux parti a fait, cette fois-ci, les choses en grand pour frapper les esprits et se présenter devant l’opinion et la classe politique comme le parti phare du paysage politique national. Tous les observateurs auront remarqué que la mariée était trop belle ce week-end. Que le Fln avait le vent en poupe.

Le parti a visiblement tenu à faire passer à l’occasion de ce congrès plusieurs messages à la fois. En battant le rappel de ses troupes, la direction du parti a voulu montrer un visage d’un parti apaisé, ressoudé, qui s’est définitivement relevé de ses luttes intestines misant, pour ce faire, sur la force de l’image et de la télévision publique qui s’est fortement investie comme naguère au temps du parti unique pour couvrir ces assises. Ils étaient, en effet, tous là, y compris les contestataires de l’ombre du parti qui ont toujours choisi le confort de l’anonymat pour dénoncer des déviations dans le fonctionnement du parti, à l’exception des dissidents emmenés par l’ancien candidat malheureux aux présidentielles 2004, Ali Benflis en rupture de ban avec la direction actuelle du parti . Par ailleurs, en jouant sur l’effet de foule et des masses en organisant des assises où les délégués ayant pris part aux travaux se comptaient en milliers, le Fln a voulu, d’une certaine manière, revendiquer un statut de première force politique du pays qu’il a électoralement perdu sur le terrain au fil de ces dernières années. Notamment lors des dernières élections législatives où, faute d’une majorité absolue, le parti a été amené à composer avec les autres partis de l’Alliance présidentielle pour former une majorité présidentielle.

Un message-programme

Le soutien apporté publiquement par le président Bouteflika, qui est sorti cette fois-ci de sa réserve habituelle pour imprimer son empreinte aux travaux et aux choix politiques et programmatique du parti pour les années à venir en prévision des prochaines échéances électorales à travers un message politique-programme que le secrétaire général de la présidence de la République a lu devant les délégués a, de l’avis des observateurs, clairement recadré le champ et la vie politique autour du Fln. Pour beaucoup, le ton paraît en effet être donné à travers la missive présidentielle, laquelle pour porter le sceau de l’Etat en impliquant l’institution présidentielle ne pouvait pas être comprise comme un simple engagement militant qui n’engage pas le pouvoir politique. La question qui mérite d’être posée est de savoir pourquoi le président Bouteflika qui a, certes, toujours revendiqué son appartenance au Fln, se montrant jusqu’ici plutôt discret sur ses choix militants en rappelant qu’il était le président de tous les Algériens et qu’il se situait au-dessus des luttes partisanes, a exhibé solennellement à la faveur de ce congrès sa carte de militant et d’autorité politique et morale du Fln en sa qualité de président d’honneur du Fln.

Bouteflika se serait borné à adresser un message aux congressistes lu par un membre du bureau du congrès, personne n’aurait trouvé matière à spéculation ! Mais en engageant l’Etat, il a pris le risque évident de susciter un débat sur la recomposition administrée du champ politique. Le Fln est-il d’ores et déjà désigné comme le parti-élu du fait qu’il est publiquement sponsorisé et soutenu par les plus hautes sphères du pouvoir ? Ce besoin vital de ressourcement du président Bouteflika aux idéaux du Fln dont il a eu à dénoncer par le passé les déviations lors de sa « traversée du désert » est-il d’ordre métaphysique? ? Bouteflika serait-il ce militant qui au soir de sa retraite politique chercherait à prendre date sur l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui avec la base militante du parti et au-delà avec l’histoire et le peuple d’une manière générale pour ce que ce parti artisan de la libération du pays symbolise dans la mémoire collective ? Ou bien alors faudrait-il comprendre ce regain d’activisme militant comme un signal politique fort dans la perspective des prochaines joutes politiques et électorales dont il compte bien jouer un rôle actif en s’appuyant sur un Fln fort du soutien de l’appareil de l’Etat durant son mandat et dans la perspective de la préparation de sa succession ?


Par Omar Berbiche

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