Apparemment, le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, n’aime pas ou ne connaît pas lui aussi les Algériens. Interpellé à l’Assemblée nationale par un député RCD (le seul parti malheureusement qui cherche à défendre l’honneur des Algériens devant cette structure), il a eu une réaction scandaleuse, indigne de la fonction qu’il occupe. Il a en effet soutenu que le président Abdelaziz Bouteflika « peine à trouver six personnes intègres pour diriger l’organe de lutte contre la corruption prévu par la Convention des Nations unies ratifiée par l’Algérie ». Ceux qu’on appelle « les élus du peuple » sont restés de marbre et n’ont pas relevé l’outrage fait à ce peuple au nom duquel ils sont payés cinq à six fois plus que nos éminents chirurgiens.
Le ministre n’a pas été plus explicite. Le chef de l’Etat a cherché uniquement à puiser dans le sérail ? Dans ce cas-là, il y a une explication à son échec. Mais s’il n’a pas réussi à trouver six citoyens intègres parmi les 34 millions d’Algériens, les propos de M. Belaïz sont autrement plus graves et relèvent de la calomnie et de la diffamation. Si on le prend à la lettre, il veut nous dire que tous les Algériens sont des corrompus. Par conséquent, il fait un aveu de taille en affirmant indirectement que le système a généré 34 millions de gens malhonnêtes. Le monde entier va retenir cette insulte suprême faite au pays de la Révolution de Novembre.
Le ministre de la Justice va donner du blé à moudre aux racistes de tous bords, à Jean Marie Le Pen et à d’autres individus qui, de l’autre côté de la Méditerranée, prétendent que « les Arabes et les Noirs sont des délinquants ». Il a déshonoré jusqu’à son propre gouvernement qui doit désormais douter de son honnêteté. Pourtant, lui-même n’est pas un parangon de vertu. Son nom a été cité dans l’affaire Khalifa. Il avait en effet eu un prêt auprès de l’agence bancaire de Koléa. Récemment, il a même cherché à étouffer les scandales de corruption en recommandant aux journaux de ne pas en parler. Il fut un temps où l’Algérien était respecté et cité pour sa probité, comme ce moudjahid qui, durant la guerre de Libération nationale, a transporté à pied durant trois mois un sac plein d’argent de la frontière tunisienne à la frontière marocaine. Aucun billet n’avait manqué à l’arrivée. Plus tard, de très hauts responsables véreux ont perverti les comportements. C’est le peuple algérien qui paye les pots cassés. Et des individus comme M. Belaïz osent porter atteinte à sa dignité. Parce qu’ils sont assurés de l’impunité créée par ce système mafieux.
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