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Passeport et carte d’identité biométriques : Stupeur et consternation des citoyens


Passeport et carte d'identité biométriques : Stupeur et consternation des citoyens


La nécessité de fournir le nom de ses anciens camarades de classes primaires ainsi que leurs coordonnées répond-elle à un souci de « sécurité » ?


Ce n’est rien de moins que du flicage en bonne et due forme ! A quoi peut bien leur servir de savoir avec qui j’ai effectué mes classes ou mon service militaire ! », s’indigne un retraité devant l’enceinte de la daïra de Hussein Dey, l’une des quinze daïras pilotes sélectionnées afin de débuter la délivrance des « papiers » biométriques. D’ailleurs, la confusion la plus totale régnait, hier, parmi les citoyens agglutinés autour de l’entrée de la structure. Et pour cause : ils découvrent les imprimés à renseigner et la liste de documents à fournir afin de se faire établir une carte nationale ou un passeport biométriques. Le contenu du dossier à remettre aura assurément provoqué la stupeur et la consternation, voire même l’ire de nombre d’Algériens. Les treize pages de formulaire à remplir, obligatoirement dans les deux langues, arabe et française, exigent du demandeur une foultitude de renseignements, certains « classiques », d’autres pour le moins inattendus. Et ce, en sus de douze différentes pièces qui constituent le dossier à déposer et sans compter la présence exigée d’un répondant. « A mon âge, je suis obligé de me faire accompagner d’un voisin ou d’un ami, afin qu’il témoigne que je suis bien moi ! Ce qui veut dire que nous sommes d’éternels mineurs et que nous avons besoin, Ad vitam æternam, d’un tuteur », s’énerve le sexagénaire. « Ce n’est pas une question de tutorat ou autre, rétorque la chef de projet de la daïra, cela est lié à la sécurité et la sécurisation de la banque de données des identités. » En présentant une tierce personne chargée d’attester de la conformité de l’identité du demandeur, « cela évite toute usurpation », justifie-t-elle. « Avec l’ancien système, rien n’empêche quelqu’un de subtiliser les actes de naissance et autres papiers d’une quelconque personne et de se faire établir une carte nationale au nom de celle-ci, avec sa propre photo », explique la responsable. La nécessité de fournir le nom de ses anciens camarades de classes primaires ainsi que leurs coordonnées répond-elle au même souci de « sécurité » ? Au bout d’un temps de réflexion, la chef de projet répond : « Mais non, ce type de renseignement est facultatif. Il est évident que nous n’allons pas demander à une personne âgée de 80 ans de donner ces détails. » En ce qui concerne les plus jeunes, que l’on ne saurait soupçonner de « perte de mémoire », la responsable avoue ne pas savoir avec exactitude l’obligation ou non de satisfaire à cette requête.

Les citoyens dans l’ignorance

« Il est vrai que cela peut faire peur, mais nous nous y habituerons. D’ailleurs, pour les seules journées de dimanche et lundi, ce sont près de 319 retraits de formulaire qui ont été effectués et 9 demandeurs ont d’ores et déjà pris rendez-vous afin de déposer leur dossier », assure la responsable qui ajoute avec un sourire confiant : « Toutes les structures ont bien été préparées et les citoyens ont bien été informés. » Toutefois, il semblerait que les campagnes d’information quant à l’introduction de ces nouvelles pièces d’identité n’aient pas porté leurs fruits tant peu nombreux sont ceux à en avoir entendu parler et encore moins à en connaître les détails. « Je suis venu hier afin de renouveler ma carte nationale. On m’a dit qu’il manquait à mon dossier une déclaration de perte. Je suis revenu avec ce document et quelle fut ma surprise de m’entendre dire "non, aujourd’hui, il y a une nouvelle loi, vous devez ramener tous ces documents et remplir ce formulaire" », raconte, exaspéré, un jeune homme. « Comme si les complications ne manquaient pas ! », peste un trentenaire venu renouveler son passeport. « Se faire établir un quelconque document est un véritable calvaire qui nécessite la mobilisation du concerné pour toute une journée, parfois plus. Dorénavant, nous serons dans l’obligation de courir d’une administration à une autre durant une semaine », présage, pessimiste, le fonctionnaire. Et cette approximation, qui pourrait paraître exagérée, n’est pas très loin de la vérité. « Afin d’établir tous les papiers et de prendre rendez-vous, cela prendra seulement quatre à cinq jours », estime la chef de projet au sein de la daïra de Hussein Dey. Pour rappel, les Algériens ont jusqu’à novembre 2015 pour se conformer à cette nouvelle exigence.


Par Ghania Lassal

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