C’est finalement le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et non le président Bouteflika qui représentera, demain lundi, l’Algérie au Sommet sur la sécurité nucléaire qui aura lieu dans la capitale fédérale américaine, Washington.
L’information, rendue publique hier par le ministère des Affaires étrangères par le biais d’un communiqué de presse, ne précise toutefois pas pourquoi le chef de l’Etat a décidé de ne pas participer à cet événement que tous les médias du monde présentent comme « important ».
Il est possible que le président Bouteflika ait décidé de surseoir à son départ pour les Etats-Unis pour des raisons de santé. Tous les observateurs font d’ailleurs remarquer que cela fait longtemps qu’il n’a pas effectué un long voyage. Ces derniers ajoutent également que dans des circonstances normales, le président de la République n’aurait certainement pas raté l’occasion d’assister à une rencontre d’un niveau de représentation aussi élevé. C’est d’ailleurs lors de rendez-vous similaires que le chef de l’Etat a réussi à nouer de nombreuses amitiés et tissé des réseaux dans des pays importants. Toutefois, cette hypothèse demeure assez fragile dans la mesure où le chef de l’Etat vient de participer au somment de la Ligue arabe où il a eu de nombreux entretiens. Cela sans pour autant montrer des signes de fatigue.
En revanche, rien n’interdit de penser que le président de la République a jugé que cette rencontre de Washington ne présente pas un caractère primordial pour l’Algérie qui, après tout, est un pays qui n’est pas encore « nucléarisé ». Tel que présenté, le débat paraît concerner en effet surtout les grandes puissances. Quoi qu’il en soit, Abdelaziz Bouteflika n’est pas le seul dirigeant à ne pas se rendre à Washington. De la même manière et sans donner d’explication, le roi Mohammed VI a lui aussi chargé son Premier ministre, Abbas El Fassi, de représenter le Maroc à ce rendez-vous international. Mais à l’inverse de l’Algérie, Abbas El Fassi conduira une forte délégation comprenant le ministre des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, et la ministre de l’Energie et des Mines, Amina Benkhadra.
D’autres absents
Le Maroc, fortement dépendant de l’extérieur en matière énergétique, pense recourir entre 2020 et 2030 à l’électronucléaire. Le royaume plaide, rappelle-t-on, pour le renforcement du rôle du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Ticen). Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a également annulé sa visite à Washington. Mais là, les raisons paraissent évidentes. Selon de nombreux spécialistes, cette décision traduit les craintes d’Israël de devoir s’expliquer sur son arsenal nucléaire présumé.
M. Netanyahu sera représenté par son ministre chargé des services de Renseignement, Dan Meridor. « Nous avons appris récemment que certains pays allaient s’en servir (du sommet) pour taper sur Israël », a expliqué, à l’AFP, un responsable israélien sous couvert de l’anonymat. Selon des médias israéliens, M. Netanyahu s’est s’inquiété du fait que certains Etats musulmans participant à la conférence, comme l’Egypte et la Turquie, aient prévu de faire pression pour qu’Israël ouvre ses installations nucléaires aux inspections internationales. Les experts étrangers estiment qu’Israël, considéré comme le sixième Etat à s’être doté de l’arme atomique, dispose de 100 à 300 ogives nucléaires.
L’état hébreu n’a jamais confirmé ni démenti cette capacité, suivant la doctrine dite d’ambiguïté délibérée. « Cette politique d’ambiguïté constitue un des fondements de la sécurité nationale israélienne », a répété cette semaine le vice-ministre des Affaires étrangères, Dany Ayalon. « Nous continuons à dire qu’Israël ne sera pas le premier pays à posséder l’arme nucléaire au Moyen-Orient. Cette politique va continuer et aucune pression d’un quelconque pays ne le fera changer », a souligné M. Ayalon. A rappeler que les travaux de ce sommet de Washington sur la sécurité nucléaire – qui regroupe les représentants de 47 pays ainsi que ceux de l’ONU, de l’UE et de l’AIEA – porteront essentiellement sur l’examen des voies et moyens à mettre en place pour renforcer la coopération internationale en matière de sécurisation des matériaux nucléaires et de prévention des actes de terrorisme nucléaire.
Ils interviennent également à un moment où pas moins de quatre membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU veulent imposer de nouvelles sanctions à l’Iran. Une nation qui, quoi qu’on en dise, reste soutenue par de nombreux pays émergents comme le Brésil.
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