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c'est comme l'algerie ou prison algerienne =alcatraz

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Cette phrase tirée du film « Mur » de Simone Bitton, souligne le paradoxe qui caractérise cette région du monde où les hommes se déchirent pour une terre  à laquelle ils sont attachés viscéralement. Sur cette terre trois fois sainte, trois fois sacrée, un mur a été érigé à partir de 2002, afin de mettre fin aux attentats terroristes palestiniens, selon la version officielle.

Un mur ou plutôt un monstre, qui enferme les gens, qui « change même la couleur de la lumière », qui efface brutalement, du jour au lendemain, l'autre bout de la rue, l'horizon, le soleil.

Un mur, ou plutôt « une falaise de béton » de 9 mètres de hauteur, composé d'éléments larges de 1,40 mètre, épais de 40 cm, ajustés les uns aux autre.

Pour les Palestiniens, un mur d'annexion. Pour les organisations israéliennes hostiles au projet, une barrière de séparation. Pour d'autres, un mur d'apartheid. Derrière les contorsions sémantiques, une réalité difficile à camoufler. Le mur suit un tracé particulier, qui n'a rien à voir avec la ligne verte qui sépare depuis 1949 l'Etat d'Israël de l'actuelle Cisjordanie. Un mur donc, qui redessine des frontières, arbitrairement.

Dans son livre, Un Mur en Palestine, résultat d'un travail fouillé et très documenté, René Backman, rédacteur en chef au Nouvel Observateur, nous livre une enquête doublée d'une analyse sans complaisance, sur la genèse du mur. Il remonte aux origines de la décision, en 2002, d'ériger une barrière de protection, décortique les motivations et les ressorts complexes de cette mécanique politico-militaire qui consiste en réalité à annexer de fait de nouveaux territoires et rendre pour longtemps impossible la perspective d'un Etat palestinien.

René Backman a consacré un livre à cette entreprise, « parce que, dit-il, comme nombre de mes amis israéliens et palestiniens, j'ai cru à la paix au moment de la signature des accords d'Oslo et j'ai été témoin, avec eux, du naufrage du processus de paix, parce que je n'arrive pas à croire que ce que le monde entier a vu s'écrouler hier avec joie, à Berlin, puisse être une solution, demain à Jérusalem ».

Pour mener à bien leur entreprise, les Israéliens ont ravagé et détruit des jardins, arraché des arbres fruitiers, qui étaient souvent la seule source de revenus des paysans palestiniens. La construction de ce mur complique considérablement leur vie et rend très difficile le moindre déplacement. Tout le monde a en mémoire ces images de Palestiniens, jeunes et vieux, se hissant sur des parties de la barrière, écartant les barbelés, parfois avec un bébé aux bras, pour rentrer chez eux ou se rendre à leur travail. Le mur les a coupés de la possibilité de travailler, mais aussi de l'aide médicale d'urgence. Dans les villages palestiniens, pas d'hôpital, pas de maternité, pas de bloc chirurgical. En cas de problème, il faut prendre contact avec les autorités israéliennes, obtenir les autorisations nécessaires pour franchir les check points et transporter le patient en contournant Jérusalem, ce qui peut prendre des heures...

Le mur a pourtant été déclaré illégal : l'Assemblée Générale des Nations Unies a voté une résolution dans ce sens, en juillet 2004. Mais le Conseil de Sécurité de l'ONU s’est bien gardé d’adopter une résolution contraignante.  Façon de dire, si besoin est, qu'Israël peut continuer à ignorer le droit international en toute impunité.
Un mur illégal. Pour l'auteur, il s'agit bel et bien d'un barrage contre la paix.

KELTOUM STAALI

René BACKMAN 
Un mur en Palestine
(Gallimard/Folio actuel, 2009, 330 p.)

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