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LES MAGISTRATS LANCENT UN SOS : «La Cour des comptes se meurt»

LES MAGISTRATS LANCENT UN SOS :
«La Cour des comptes se meurt»

Qui mieux que le syndicat des magistrats de la Cour des comptes pour attester de l’immobilisme et de l’atonie dans lesquelles l’institution s’enlise depuis de très longues années ? C’est justement ce constat effarant que le syndicat établit, à l’issue de son assemblée générale tenue dimanche 9 mai à Alger.
Sofiane Aït-Iflis Alger (Le Soir) - Le commun des Algériens ne connaît pas à la Cour des comptes quelques rôles prépondérants dans la lutte contre la corruption, notamment en ces temps de déballages denses et récurrents. L’institution se suffit d’exister par la force de la loi. Un point c’est tout, comme si elle n’a de lettre de mission que de figurer sur le listing des institutions de la République. La sclérose qui ronge profondément la Cour des comptes attriste le syndicat des magistrats officiant au niveau de l’institution. Et il ne s’en cache pas, puisque, dans la résolution sanctionnant les travaux de son assemblée générale ordinaire de dimanche dernier, il déplore, à juste titre, au demeurant, la situation. «Les magistrats déplorent la situation catastrophique dans laquelle se trouve la Cour des comptes en tant que haute institution constitutionnelle dédiée au contrôle des dépenses publiques, en raison de la non-gestion qui l’a caractérisée ces quinze dernières années.» Accablant constat que celui que fait le syndicat des magistrats de la Cour des comptes qui, face à la situation, retient de solliciter l’intervention du président de la République qui sera saisi par voie de lettre ouverte. En effet, le syndicat note que la mission de contrôle au sein de la Cour des comptes est reléguée au second plan, en fonction secondaire alors qu’elle préfigure l’attribut essentiel de l’institution. Il note également le peu d’intérêt accordé aux services d’appui techniques aux missions de contrôle du fait du non-pourvoi de la majorité des postes y afférents. Le syndicat des magistrats de la Cour des comptes met aussi en exergue le repli de l’institution sur elle-même, ce qui a généré un fonctionnement inadapté aux standards internationaux en la matière. Conséquemment à cette situation de non-activité, le partenaire social, en l’occurrence le syndicat, en pâtit. Le reproche, à ce propos, est fait au président de la Cour des comptes, accusé de marginaliser le partenaire social. Dans sa lettre ouverte au président de la République, le syndicat, fort de ce constat alarmant, compte crier sa détresse. «Les situations sociales et professionnelles des magistrats de la Cour des comptes n’ont pas connu d’évolution depuis 1996, soit depuis la promulgation du décret exécutif n°30-96 du 13 janvier 1996 portant grille des salaires des magistrats de la Cour des comptes», écrit le syndicat, qui précise qu’ils sont 203 magistrats à se retrouver dans une telle situation. On ne peut pas faire le reproche au syndicat des magistrats de la Cour des comptes de seulement faire dans l’agitation syndicale, tant il est vrai que l’institution est totalement effacée. À tel point qu’elle n’est d’aucun rôle ni implication dans les enquêtes qui ont dévoilé la corruption à grande échelle ayant éclaboussé ces dernières années, voire ces derniers mois, bien des sphères économiques. Ce sont souvent les brigades d’enquête du DRS et de la police qui ont abouti au dévoilement du scabreux dans les marchés économiques. L’on peut faire le rappel des scandales liés au grand chantier de l’autoroute Est-Ouest, de la pêche au thon rouge, notamment. Tout s’est déroulé comme si la Cour des comptes n’existait pas. Or, il reste de ses missions de veiller et de procéder au contrôle de la dépense publique. Qu’elle destine ses rapports au président de la République ne la prémunit pas contre le grave manquement à ses missions. Un manquement signalé, il est utile de le faire remarquer, par les magistrats qui y siègent.
S. A. I.

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